Artemisia – Alexandra Lapierre

artemisia

jaime-adoréjaime-adoréjaime-adoréjaime-adoré

Alexandra Lapierre – Artemisia – Robert Laffont 1998 – Poche

Après avoir fait des études de lettres à la Sorbonne (elle a travaillé sur la femme fatale dans la littérature du XIXe siècle) – Alexandra Lapierre s’est consacrée à l’évocation des destins de grandes figures oubliées par l’Histoire.

Pendant cinq ans, elle a cheminé sur les traces d’Artemisia et d’Orazio Gentileschi à travers le monde.

  J‘avais eu très envie de lire ce roman historique après avoir vu l’exposition sur Artemisia à Paris. Les femmes peintres eurent autant de mal à s’imposer sur la scène artistique que les écrivaines.

  Le destin d’Artemisia au sein de l’Italie du XVIIe siècle est exceptionnel car elle fut l’une des premières à réussir à pratiquer son art, la peinture, et à en vivre librement, délivré de la tutelle des hommes de sa famille.

Mais si elle put devenir peintre, dans cette société patriarcale, elle le dut à son père Orazio Gentileschi, disciple du Caravage qui devint son maître et lui apprit tout ce qu’il savait de la peinture. Il fut aussi un adversaire redoutable qu’elle s’efforcera sa vie durant de dépasser.

Le livre d’Alexandra Lapierre est aussi l’histoire de cette relation orageuse entre un père et sa fille. Un père prisonnier des mœurs et des théories de son époque dans lesquelles les femmes sont perçues comme des tentatrices, des traîtresses, qu’il faut surveiller de près et tenir cloîtrées. Cette attitude de défiance et ce mépris qui imprégnait toute la culture judéo-chrétienne empoisonna les relations du père et de la fille et les empêcha peut-être de se laisser aller à la tendresse et à l’admiration qu’ils auraient pu éprouver dans le secret de leur cœur.

            Pourtant fait extraordinaire à cette époque où la faute d’une fille (même si elle était la victime) rejaillissait sur l’honneur de son père, Orazio prit la défense de sa fille qui avait subi le viol d’un de ses plus proches amis mais il la rejeta également le jour où elle se maria pour ne plus la voir pendant de longues années. On s’imagine ce qu’Artemisia dut souffrir, l’amour et la haine qui durent déchirer son cœur, la rage nécessaire qu’elle dut lui insuffler pour la propulser vers la gloire.

 

J’ai été bouleversée tout au long de ce récit magnifique. Pour une femme qui réussissait à sortir de l’ombre, combien d’autres dont les talents, l’intelligence furent impitoyablement étouffés . Les écrits portent la mémoire collective, car il est juste de ne pas oublier ce qui fut.

D’autant plus que d’autres femmes se cachent dans les plis obscurs de la mémoire, notamment cette Plautilla Bricci, femme architecte, bâtisseuse d’église dans les Etats Pontificaux au temps de Caravage.

Alexandra Lapierre a appris l’italien et le latin , étudié la paléographie pour se lancer sur la trace de la fille et du père, dans chaque rue qu’ils avaient pu hanter jadis mais aussi dans les Archives secrètes du Vatican, et tant d’autres archives, registres qu’elle a parcourus à la recherche de documents les concernant et parmi des milliers de prénom : actes de baptêmes, reconnaissances de dettes, contrats de mariage, donations, testaments, procès qui ont conservé le souvenir de leur existence. Une belle histoire d’amour entre l’auteure et ses personnages.

4 réflexions sur « Artemisia – Alexandra Lapierre »

  1. Bonsoir, j’avais parcouru ce roman d’Alexandra Lapierre après avoir vu le très beau film d’Agnès Merlet: Artemisia en 1997 (avec Valentina Cervi et Michel Serrault). C’est un film d’une rare sensualité. Etre une femme peintre à cette époque n’était pas une sinécure. Bonne soirée.
    Commentaire n°1 posté par dasola le 19/01/2013 à 21h24

    Je n’ai pas vu le film mais j’aimerais beaucoup. Merci pour cette information. Du coup je vais chercher.
    Réponse de Anis le 20/01/2013 à 09h25

    J’aime

  2. Et voilà encore une femme illustre dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Il va falloir que j’etaye ma culture littéraire et historique. Je reviendrais pour noter celui-là. D’abord Geneviève Brisac.
    Commentaire n°2 posté par Missycornish le 16/01/2013 à 21h27

    C’est ce que j’essaie de faire ici. l’histoire des femmes en littérature est très mal connue.
    Réponse de Anis le 19/01/2013 à 11h28

    J’aime

  3. Ton article m’a donné envie de lire ce livre, mais j’attendrai un peu : les relations père-fille , est un sujet sensible pour moi depuis longtemps et plus encore en ce moment.
    Commentaire n°3 posté par Annie le 08/01/2013 à 17h40

    C’est sûr, c’est une relation qui est loin d’être simple.
    Réponse de Anis le 09/01/2013 à 10h11

    J’aime

  4. Oh mais quelle histoire! Tu mes donnes envie de la découvrir (et voilà, c’est aujourd’hui que je présente le roman classique avec héroïne « hors des clous »)(mais Artemisia la dépasse, c’est une personne qui a réellement vécu!)
    Commentaire n°4 posté par Keisha le 07/01/2013 à 08h09

    Oui que de femmes méconnues tout de même! Et quels tepéraments ! On leur doit beaucoup !
    Réponse de Anis le 09/01/2013 à 10h14

    J’aime

Quelques mots de vous...

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.