Ave
Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais
Très haut amour qui passez la mémoire
Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
O mon séjour…
Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l’abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,
Par l’univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Coeur de l’esprit, ô centre du mirage
Très haut amour.
Catherine Pozzi est une poétesse française (1882-1934). Née dans un milieu aisé (son père était médecin et poète), elle fut mise dès sa jeunesse au contact des intellectuels les plus brillants de la fin du siècle. Elle se maria à Edouard Bourdet en 1907, dont elle se sépara peu après. Elle eut un fils de cette union, Claude.
Malade de la tuberculose, elle se consacra à des études d’histoire, de philosophie et de religion.
A partir de 1920, commença sa liaison avec Paul Valéry pour finir quelques années après en 1928. La morphine qu’elle prenait à l’époque pour soigner sa maladie commençait alors à exercer ses ravages.
Elle rencontra tous les grands esprits de son temps : Rilke, Julien Benda, Daniel Halévy, Anna de Noailles, Jean Paulhan, Raïssa Maritain et son mari.
Son oeuvre :
Agnès (nouvelle autobiographique), Six poèmes (1935), Peau d’âme, essai philosophique inachevé (1935).
Son journal a été publié en 1987.
Source : Dictionnaire des femmes célèbres, Robert Laffont, Bouquins

Il me semble que l’essai philosophique de Catherine Pozzi s’intitule « Peau d’âme » et non « Peau d’âne » !
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Oui bien sûr, je vous remercie d’avoir signalé cette erreur. D’ailleurs c’est curieux comme type d’erreur.
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