Quatre jours en mars – Jens Christian Grøndahl

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Jens Christian Grøndahl Quatre jours en mars – La voix d’Ingrid     Dreyer / traduit du danois par Alain Gnaedig, Gallimard 2011 pour la traduction française, collection folio n° 5494

  L’auteur est né à Copenhague en 1959. Il a publié une dizaine de romans et est unanimement considéré comme l’un des meilleurs écrivains de sa génération. Piazza Bucarest a été récompensé par le prix Jean Monnet de Littérature européenne 2007.

  Ingrid ne sait plus très bien où elle en est. A l’approche de la cinquantaine, une série d’événements la font douter des choix qu’elle a faits dans sa vie de femme. Elle se retrouve face à elle-même  : son divorce, sa tentative d’échapper aux modèles passés, de réaliser une carrière tout en ayant un enfant. Mais voilà que tout lui coule entre les doigts, et la belle cohérence qu’elle pensait avoir donné à son existence semble à présent un écheveau désordonné où tous les fils s’emmêlent…

Pendant quatre jours, Ingrid laisse remonter les souvenirs. L’échec de son mariage, la difficulté de ses relations avec sa mère, journaliste interviewant des personnalités célèbres, fille mal aimée de sa mère Ada,  ses propres difficultés avec son fils.,. Elle se trouve aux prises avec ses choix existentiels. Elle vit dans une époque individualiste, lieu de conflit entre la liberté et le devoir   et éprouve un fort sentiment de culpabilité. Elle a dû trouver sa propre identité, la choisir et donc renoncer à tous les autres possibles.  

            Ingrid, sa mère Berthe et sa grand-mère Ada sont trois générations de femmes confrontées au dilemme de la maternité et du devoir et de la réalisation de soi. Toutes trois ont fait passer leur vie sentimentale et leur vie professionnelle avant leur rôle de mère et ont bénéficié de la révolution des mœurs permise par le féminisme. Mais qu’ont-elles réellement gagné et à quel prix ? Leurs relations mère/fille sont difficiles car elles ont chacune à leur manière vécu la blessure de l’abandon et l’éloignement de la mère, leur vie affective n’est pas des plus heureuses et la solitude les guette, quant à leur carrière, elle semble avoir été un miroir aux alouettes. Elles lui ont chacune beaucoup sacrifié mais pour quel bénéfice ? En ont-elles été plus heureuses ? N’ont-elles pas négligé l’essentiel ?

            Jens Christian Grøndahl écharpe au passage le modèle éducatif danois relativement permissif où les enfants font la loi et devant lesquels les adultes cèdent trop souvent par peur de les « traumatiser ».

Dans une interview à l’Express, l ‘auteur explique  que« ses romans montrent « le drame de la vie intérieure, la lutte de quelqu’un à travers des bribes de mémoire », cherchent à « creuser la banalité du quotidien ». Il insiste sur son rapport avec ses personnages. Sur le fait qu’il ne les connaît pas jusqu’au bout, ne les comprend jamais tout à fait complètement. »

Femmes vues par un homme, fils peut-être ou petit-fils de l’une de ces femmes, on sent la blessure encore à vif.  Je ne sais pas si ce livre veut culpabiliser les femmes modernes, si le souhait de l’auteur est un retour en arrière. Il analyse finement les caractères mais on sent qu’il prend plus parti qu’il ne pose véritablement des questions. A mon sens en tous cas, mais j’aimerais bien avoir d’autres avis.

Challenge-voisins-voisines-2013

Chez  Anne (Des mots et des notes)

11 réflexions sur « Quatre jours en mars – Jens Christian Grøndahl »

  1. De cet auteur, j’ai lu Virginia et j’ai beaucoup aimé. Je trouve qu’il est d’une grande finesse. J’espère bien lire ce titre et d’autres un jour …
    Commentaire n°1 posté par krol le 28/02/2013 à 16h54

    J’aimerais bien lire d’autres livres de lui mais celui-là m’a un peu agacée.
    Réponse de Anis le 06/03/2013 à 11h35

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  2. ‘ai toujours « Bruits du coeur » de cet auteur en attente de lecture … mais le sujet de celui que tu présentes m’intéresse beaucoup plus …
    Commentaire n°2 posté par Malika le 24/02/2013 à 09h14

    Il semblerait que le livre que tru cites soit un grand roman.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h17

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  3. C’est quoi négliger l’essentiel ? Voilà une intéressante question qui ne cherche qu’à faire culpabiliser les femmes quand « leur l’essentiel » ne se trouve pas à l’intérieur de leur foyer auprès de leur mari et de leurs enfants. De toute manière, si les femmes se consacrent à leur famille on les culpabilise mais si elles sont beaucoup trop à l’extérieur on les culpabilise aussi. Il faudrait que les femmes dosent équitablement la part consacrée au travail et celle à leur famille, c’est complètement impossible parce que nous ne sommes pas des robots. Je ne pense pas que les hommes soient autant jugés que les femmes sur leur façon de mener leur vie.

    Je note ce livre, le sujet m’intéresse en plus j’ai une formation sur la littérature nordique bientôt et je ne connais pas du tout cet écrivain. A bientôt Anis et bonnes vacances.
    Commentaire n°3 posté par Nina le 22/02/2013 à 00h07

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  4. J’aime beaucoup cet auteur. Mon préféré, pas loin d’un chef d’oeuvre même s’il peut déranger certains lecteurs (trices): Bruit du coeur. Un grand, très grand livre.
    Commentaire n°4 posté par C. Sauvage le 21/02/2013 à 19h02

    Je continuerai à le lire, c’est certain. Il a une belle plume et il a de réels talents dans l’analyse psychologique de ses personnages.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h14

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  5. Encore des thèmes qui m’intéressent mais je sens que la position prise par l’auteur t’a déçue… je le lirai peut-être…
    Commentaire n°5 posté par Nadael le 21/02/2013 à 16h46

    Oui, sa position pour moi n’est pas claire. Que et qui critique-t-il vraiment? Cela est un mystère pour moi. Il faudra que je lise d’autres livres.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h13

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  6. Je tourne autour de cet auteur et de ce livre sans me décider encore… En tout cas, merci pour cette première participation européenne !
    Commentaire n°6 posté par Anne le 20/02/2013 à 19h37

    Il semblerait qu’il ya it d’autres ouvrages plus prenants et plus faciles.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h10

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  7. Pourquoi un retour en arrière ? Pourquoi pas, plutôt un grand pas en avant : une réflexion sur notre mode de vie et nos attentes, les moyens de porter vraiment à deux (père et mère) la charge et le bonheur d’élever nos enfants ?
    Commentaire n°7 posté par Annie le 20/02/2013 à 18h10

    A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qu’il a voulu faire avec ce roman. Est-ce simplement un constant : on ne peut se dévouer à sa carrière et ses enfants, mais lequel constant pourrait valoir pour les deux sexes, ou est-ce une critique du féminisme et du rôle moderne de la femme. je ne sais vraiment pas. En tout cas, il m’a passionné et exaspéré à la fois.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h10

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  8. de mémoire il est francophile

    un auteur que j’aimerais lire
    Commentaire n°8 posté par denis le 20/02/2013 à 17h20

    Oui, il parle d’ailleurs un excellent français, ce qui par les temps qui court est à souligner.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h07

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  9. J’ai lu d’autres livres de Christian Grondahl, mais pas celui-ci… il faudrait que je relise cet auteur, mes souvenirs sont un peu vagues, mais j’aimais l’atmosphère me semble-t-il.
    Commentaire n°9 posté par kathel le 20/02/2013 à 08h46

    Il écrit très bien, ça il n’y a rien à redire, mais j’aimerais lire autre chose pour avoir une idée complète.
    Réponse de Anis le 05/03/2013 à 14h06

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