Vous avez remarqué, un livre vous mène toujours à un autre, c’est comme un jeu de piste ou un chemin qui au lieu d’aller droit au but, irait de ramifications en ramifications, une sorte de dédale en fait. Les livres nous perdent-ils ou se perd-on dans les livres ? Nos piles sont autant de constructions hasardeuses, dont l’équilibre n’est jamais garanti, tout comme nos vies. Tout comme nos affections. Où nous mènent-ils donc tous ces livres ? A ce pays où l’on n’arrive jamais ? Au creux, au plus profond de nous mêmes ? Au fond, peut-être nous racontent-ils tous la même histoire ? Celle qu’ils ne peuvent jamais vraiment nous raconter… On ouvre un livre et on croit avoir trouvé, enfin, une des clefs du mystère. Et puis, sitôt refermé, la même faim nous saisit, et on en ouvre un autre avec le même espoir. Cette fois-ci peut-être… On a souvent parlé du lien qui nous unit nous lecteurs à ceux qui osent écrire, de son étrangeté, de sa force et de sa clairvoyance. L’univers des blogs rend ce lien encore plus tangible. Chacun donne à l’autre tant de soi, on ne peut même pas compter. Nous sommes si proches, et si anonymes, tellement autre qu’il nous en faudrait beaucoup pour vraiment nous approcher. Je te prie étranger de te tourner vers moi. Nous partageons les défaites et les victoires, le courage et le renoncement, la joie de trouver l’autre au détour d’une phrase, à l’abri d’un chapitre, entre les lignes. L’écriture est un don, toute écriture. Quelque chose se joue d’essentiel. Ce qui est dit ne sera pas pour autant contredit, car la lecture est un pacte qui est loin d’être scellé. On pourrait même s’envoler si on voulait sur les pages de nos livres. Mais nous savons le poids de toute gravité. Et son implacable nécessité.
On écrit avec des mots et avec des images aussi. Peut-être qui n’a pas vu « Wadjda » n’a encore rien vu. Vous savez que tout, toujours, est à recommencer. L’écriture n’est jamais définitive même pas dans les livres saints. La lecture aussi ne se clôt jamais sur elle-même. Nous le savons, nous, qui avons déjà perdu, un ami, un amant, un frère. Nous qui sommes condamnés à nous perdre nous mêmes et à fermer les yeux de nos proches. Dans ce film, la tendresse n’est pas absente, et les liens entre hommes et femmes ne sont pas rompus. Un petit garçon est même prêt à donner son vélo pour elle. On ne sait pas si Wadjda aura le vélo qu’elle désire tant, cela a l’air là-bas si compliqué. On ne peut savoir non plus quelle sera la réaction du petit garçon si son amie le « gagne » à la course. On peut compter sur elle je crois pour essayer. Nous le savons, tout est toujours à recommencer…
Merci pour ce beau texte, Anis ! Oui un livre aimé nous mène toujours à un autre qui lui-même…. Une vraie pelote parfois que l’on a du mal à poser ! Il m’a fallu pas mettre pas mal d’acharnement pour voir Wajda : mais quel beau moment… qui m’a renvoyé à livre… etc
Commentaire n°1 posté par Annie le 14/04/2013 à 18h05
Oui, c’est comme cela que l’envie de livre croît de manière exponentielle.
Réponse de Anis le 29/04/2013 à 10h28
Comme c’est joliment dit ! Et Wadjda, tellement formidable ! Merci Anis pour ces mots…
Commentaire n°2 posté par krol le 13/04/2013 à 20h21
Oui, quel joli film et on leur souhaite tellment de pouvoir partager à ce petit garçon et cette petite fille.
Réponse de Anis le 13/04/2013 à 22h17
Je crois que nous cherchons toujours quelque chose de nous même quand on lit… Et que nos piles de livre disent forcément beaucoup de nous. Ton billet est magnifique Anis et je m’y retrouve tout à fait. Voilà un film que je ne connais pas du tout mais tu m’as donné très envie de le voir (en DVD sans doute, je vais si peu au cinéma)
Commentaire n°3 posté par L’or des chambres le 10/04/2013 à 17h17
Oui, on retrouve dans la voix d’un autre ce qui nous est le plus personnel et le plus intime; ce qui reste pour moi le mystère de l’écriture.
Réponse de Anis le 11/04/2013 à 19h48
Wadjda est un film très fort : j’ai été très émue par la relation mère-fille qui se dégage du scénario. Une petite fille qui montre toute l’oppression faite aux femmes et qui les conditionne : un grand moment de cinéma. Je suis contente de retrouver Turning tables chez toi aussi . Cette chanson d’Adele, issue de l’album 21 est une de mes trois préférées de cet opus et me ferait l’acheter : pour l’instant, je résiste !
Commentaire n°4 posté par Philisine Cave le 08/04/2013 à 10h34
J’ai l’album d’Adèle que j’écoute très souvent depuis un an mais c’est toi qui m’a donnée envie de remettre ce titre sur le blog.
Réponse de Anis le 10/04/2013 à 07h35
(Commentaires rapatriés de l’ancien blog)
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