Je ne sais comment j’ai lu ce livre… Amoureusement si je puis dire, lovée autour de la belle écriture de Clélia Anfray, suspendue au rythme de sa prose qui est comme un souffle à la fois léger et puissant. « Le coursier de valenciennes » est un de ces livres qui pour moi a été presque une expérience charnelle.
L’histoire en est simple : Simon Abramovitch doit remettre un paquet d’un de ses camarades de camp à sa famille – un poème et une lettre. Il l’ rencontré au camp de Klein Mangersdorf où tous deux étaient détenus et Simon seul en a réchappé. Il rencontre deux femmes dont « le beau regard de ciel flamand » va faire basculer son existence.
L’écriture de Clélia Anfray a ce talent singulier d’épouser les contours de cet homme – Simon- de marcher à son pas, à la fois lourd mais assuré. On se métamorphose, on devient cet homme brisé par la guerre mais qui n’a pas oublié tout espoir, on sent dans son corps l’écriture de l’attente et cette faim intérieure prête à tout dévorer. L’auteure sait rendre compte de « ces affaires de perception », son écriture est comme la parole Mme de Viéville pour Simon :
« […]Valenciennes, sous l’effet de la parole de Mme Viéville, avait repris des couleurs. »
Le monde prend une autre épaisseur que seuls les mots ont le pouvoir de lui donner, « Son austérité grise s’était dissipée d’un coup, d’un seul, comme par magie pour ainsi dire. »
L’écriture a aussi ce battement de fièvre, cette légère crispation due à la douleur des personnages :
« Renée s’arrêtait parfois pour regarder la paume de sa main droite qu’elle compressait de son pouce gauche pour apaiser une vive douleur. »
« Le style c’est l’homme », a dit Buffon. Clélia Anfray aurait pu me raconter n’importe quoi, je l’aurais suivie. La forme de sa phrase, son rythme, son épaisseur, sa douceur, ou parfois une certaine sauvagerie retenue, est la forme de sa pensée. Une forme de pulsation qui est la vie même, le sang dans nos veines, le chaos des émotions, les douleurs infimes et qui donnent une vie incandescente à ses personnages.
Une auteure est née…
L’auteure s’est inspirée de l’histoire de Pierre Créange qui est mort dans ces conditions, qui a réussi à écrire dans les camps et dont les poèmes ont été rapportés par la suite par un codétenu.
Je l’ai lu et je n’ai pas apprécié… J’ai été mal à l’aise pendant toue ma lecture, sans doute parce que l’auteur nous immerge complètement.
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Oui, c’est une écriture qui est une emprise en quelque sorte. Soit on se laisse aller soit on résiste.
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Je le note, ton article donne très envie de le découvrir ce roman ! Moi, qui suis sensible à l’écriture, je sens que ça pourrait me plaire…
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J’aime beaucoup la façon dont tu ressens ce que tu lis. Je t’envie également un peu aussi, car j’ai souvent l’impression de garder plus de distance. Le fait de savoir que je vais écrire sur ce livre accentue également le phénomène. C’est le seul gros inconvénient pour moi d’essayer de tenir un blog !
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Une auteure est née, dis-tu… Bonne nouvelle, je vais essayer de trouver ce livre en médiathèque.
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Je le note dans un coin, ton billet me donne envie!
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Je te sens très enthousiaste. Je note, pour l’écriture… tu m’intrigues.
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difficile de résister un tel billet !
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