La lettre écarlate – Nathaniel Hawthorne

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Nathaniel Hawthorne – La lettre écarlate – Traduction de Marie Canavaggia –Gallimard 1954 pour la traduction française

Vignette Les personnages féminins dans l'ecriture masculineDans l’Amérique puritaine de l’époque coloniale, il ne fait pas bon enfreindre l’un des dix commandements. Les dignitaires ecclésiastiques  règnent en despotes sur la petite communauté de protestants de Nouvelle-Angleterre et gouvernent d’une main de fer leurs ouailles. Hester fera les frais d’une loi d’airain qui condamne les femmes adultères. A midi, sous un soleil de plomb, son bébé dans les bras, elle doit subir la réprobation de la foule sur l’estrade où autrefois on condamnait les criminels au pilori. Pour stigmatiser son infamie, une lettre A pour Adultery devra être cousue sur sa poitrine.

Ce passionnant roman, dont l’héroïne, magnifique, est digne des tragédies antiques, posent autant de questions sur la forme que sur le fond.

Lorsqu’un écrivain est prisonnier du carcan idéologique de son époque, ou de son propre système de croyances, comment ses personnages peuvent-ils évoluer ?

Un puritain hommes de lettres doit-il, avec ses semblables, condamner la pauvre Esther coupable d’infidélité, ou peut-il lui assurer une certaine rédemption tout en condamnant sa faute ? Il faut ajouter que pour le protestantisme, issu de Calvin , « Le salut revient à ceux que Dieu a élu « par sa seule bonté et miséricorde en JCNS, sans considération de leurs œuvres, laissant les autres en icelle, corruption et damnation pour démontrer en eux sa Justice comme ès premiers il fait luire les richesses de sa miséricorde », dit le texte. (source Wikipédia). L’homme ne peut se sauver par ses propres œuvres.  Je ne connais pas assez ces théories du puritanisme religieux mais elles doivent avoir leur importance. Esther aurait pu s’enfuir, refuser de porter cette lettre infamante – la loi humaine n’est pas strictement identique à la loi divine – mais elle choisit, par amour, de porter le poids de son acte. Elle le revendique même car elle a agi par amour contre la loi des hommes. Elle l’a placé au-dessus de toute loi. Cette pesanteur lui vaut la grâce. Elle symbolise le libre arbitre de l’individu.

Dans ce système de valeurs, on peut tout de même être assuré d’une chose : le crime ne peut être récompensé par le bonheur des amants ici-bas. Aussi le personnage d’Esther, acquiert-il une dimension tragique. Elle doit assumer le poids de sa faute et expier son crime pour pouvoir être sauvée. Toutefois le talent de Nathaniel Hawthorne lui permet de dépasser ses propres impératifs catégoriques : tout d’abord son expérience personnelle lui a fait rencontrer Melville qui se soucie comme d’une guigne des conventions, et dont ses nombreux voyages ont éclairé les vues, et sa propre réflexion  comme sa sensibilité comprennent les élans et la personnalité d’Esther. Pourrait-il dire comme Flaubert le disait de sa Bovary, « Esther, c’est moi » ?

Ce roman est un conte chrétien fantastique, le malin y fait des apparitions remarquées et les sorcières se réunissent la nuit dans les bois. De quoi frissonner un peu ! L’intensité dramatique naît ici du conflit entre le devoir et l’amour, entre l’individu et la société, entre la loi morale et le sentiment. Esther regrettera-t-elle ses élans amoureux, la punition aura-t-elle été pédagogique ? Je vous laisse lire le roman…

En tout cas, un très beau personnage de femme…

M’ont donné envie de lire ce livre : Nadael (mais je n’ai pas retrouvé son article) et  Annie qui a écrit un billet passionnant dans lequel elle nous apprend, entre autres, que ce personnage d’Hester a été inspiré par l’histoire vécue par Elisabeth Pain.

10 réflexions sur « La lettre écarlate – Nathaniel Hawthorne »

  1. J’ai lu récemment le premier roman de Patricia Reznikov, La transcendante, basé sur ce roman d’Hawthorne. Elle m’a donné envie de lire La lettre écarlate. Et toi aussi maintenant…

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  2. Ton billet m’a donné très envie de lire ce roman. Je vais me l’acheter. Merci pour cette idée. Je m’intéresse tout particulièrement à cet auteur car le héros du livre que je lis actuellement (Dragonwick, roman gothique), le cite régulièrement et est un contemporain.

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