Récit d’une relation passionnelle, entre un homme, un peintre ukrainien et une femme, la narratrice, mais aussi entre une femme et un pays, ce roman raconte l’Ukraine dont l’Histoire est une tragédie.
Cette histoire d’amour vouée à la souffrance, à l’échec porte en elle l’histoire du pays qui a façonné les relations entre les êtres à travers l’humiliation et la souffrance.
Les rapports de domination d’un genre sur un autre sont aussi la métaphore de ceux d’un pays soumis à un autre . Un pays, qui de ce fait, flotte dans la « non-existence » d’une langue, d’une nation et d’une culture.
Ce roman a fait date dans l’histoire littéraire ukrainienne, car il traduit une nouvelle liberté dans l’écriture, une liberté syntaxique et stylistique, à travers une narration éclatée entre le je et le elle, d’un sujet engagé émotionnellement dans la narration, où en même temps il se regarde dans un essai de distanciation. En tout cas, c’est ainsi que je l’ai ressenti.
Iryna Dmitrytrychyn, sa traductrice, évoque dans sa postface, une narration qui semble « emmêlée dans le temps et l’espace ».
Le lecteur ou la lectrice ne savent pas toujours à quel moment se situe cette histoire, le passé et le présent s’entrechoquent, émaillés de considérations philosophiques et politiques sur l’histoire de l’Ukraine dé-colonisée.
Entre ce « je » et ce « elle », il y a ces « ils », l’histoire nationale, ses fractures, ses luttes et la façon dont elles influent sur les destins individuels et causent de profonds traumatismes.
Le destin individuel prend le pas sur le destin national dans la narration mais pourtant la vie de la narratrice implose sous les coups de boutoir de la violence politique qui rend impossible les relations d’amour entre soi et l’autre.
Les hommes subissent des traumatismes, des blessures qu’ils infligent à leur à leurs compagnes. J’ai ressenti cela aussi très fortement dans la littérature palestinienne.
La fidélité à la nation suppose la fidélité aux hommes qui se battent pour elle.
« Les traumatismes subis de génération en génération et la peur intériorisée rendent impossibles l’amour » affirme l’auteur selon sa traductrice.
« Nous avons été élevés par des hommes baisés de toutes parts, et que c’est comme ça, que ces hommes vous baisaient à leur tour » écrit l’autrice.
Lu aujourd’hui dans le fracas de la guerre, le texte est encore plus bouleversant : « Dans la vraie vie les tragédies ne sont pas belles. »
Putain d’histoire, s’exclame-t-elle, qui recommence alors que ce peuple déjà tant éprouvé pensait qu’enfin c’était « derrière ».
Putain d’Histoire …

Je suis en train de lire un auteur ukrainien. Est-ce toi qui organise ce mois? Je viendrai partager avec toi le lien de ma chronique.
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Oui, c’est moi. je mets tous les articles en lien dans l’article « à la Une » épinglé en haut du blog.
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