Carmen Boustani – May Ziadé – La passion d’écrire – éditions des femmes Antoinette Fouque – 2024

Existe-t-il un génie féminin ? Ou est-il l’apanage des hommes ? La création, prisonnière de la métaphore de l’enfantement, serait-elle destinée plus particulièrement aux hommes, la maternité étant, dans l’ordre du biologique, réservée aux femmes ?
La vie et le destin de Mya Ziadé, femme d’exception, égyptienne d’origine libanaise, est la parfaite illustration de ces débats qui ont lieu au XIXe et au début du XXe siècle au Moyen-Orient, au moment de la Nahda, la Renaissance arabe.
Carmen Boustani, avec talent, fait revivre pour nous, les écrits et la voix de cette autrice largement méconnue en France alors même qu’elle a beaucoup écrit en français. Dans un travail de recension des textes, d’extraits de sa correspondance, l’autrice nous livre une biographie vivante et éclairée de cette créatrice passionnante.
May Ziadé est restée, dans l’histoire littéraire, davantage liée aux hommes qui ont marqué sa vie qu’aux écrits qui ont été publiés de son vivant. C’est d’ailleurs le destin de la plupart des autrices, elles ne sont jamais que les femmes de ou maîtresses de… Pour le grand public, trouver des textes publiés encore aujourd’hui relève de la gageure.
D’où l’importance du travail de recherche de Carmen Boustani qui, en dehors des communications et des articles publiés, livre avec cette biographie un certain nombre d’éléments de son œuvre et de sa vie éclairant son statut d’intellectuelle et d’autrice.
Femme de grande culture, maîtrisant plusieurs langues, le français, l’italien, l’arabe, l’allemand, qu’elle parlait et écrivait couramment, travailleuse infatigable, lectrice assidue possédant une bibliothèque de plus de 7 000 ouvrages, épistolière, journaliste, poétesse, et romancière, May est emblématique de ce qu’il fallait de talent pour pouvoir sortir du rôle assigné aux femmes dans la société de son temps.
Elle a étudié et écrit en arabe qu’elle a contribué à moderniser et a établi des biographies d’autrices arabes et musulmanes qu’elle a permis de faire sortir de l’oubli.
Médiatrice entre deux cultures, arabe et occidentale, elle s’est attachée à bâtir des ponts, établir des correspondances entre elles et à les faire dialoguer.
Ce que fait également Carmen Boustani, entre le passé et le présent, entre des destins similaires, celui de Camille Claudel et de May Ziadé. Mais également entre les lecteurs et lectrices d’hier et d’aujourd’hui.
Née à Zahlé, Carmen Boustani est une universitaire et écrivaine franco-libanaise d’expression française. Professeure des universités, romancière et essayiste, elle a reçu la Médaille d’honneur des écrivains de langue française en 2011.







