Simonetta Greggio – Elsa mon amour/ La femme qui voulait changer le monde

Simonetta Greggio – Elsa mon amour – Flammarion 2018 – 240 pages

« Elsa Morante, née à Rome le 18 août 1912, est écrivain, poète et traductrice. Elle épouse Alberto Moravia en 1941, mariage qui durera jusqu’à sa mort le 25 novembre 1985. En 1957, avec L’Île d’Arturo, elle est la première femme récompensée par le prix Strega. La Storia, publié en 1974, figure dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps. » note de l’éditeur

« Les écrivains luttent la nuit contre les dragons pour que les amours, les larmes et la joie des morts ne soient pas oubliés. »

Simonetta Greggio a choisi de faire revivre Elsa Morante à travers une fiction qui est une biographie intérieure.

Elle épouse les méandres, et la complexité de cette autrice en lui donnant sa propre voix comme un matériau ductile qui transmettrait les vibrations, les sentiments, le roman intérieur de Morante.

En effet, une biographie n’est-elle pas faite généralement d’une extériorité tissée de rumeurs, et de ragots ?

Alors pour éviter le dehors, la biographe devient le dedans, « un instrument, un outil de retranscription », « dans une sorte de dictée hypnotique » faite par Elsa elle-même, par-delà le temps, par-delà la mort, dans une profonde empathie créatrice.

L’écriture répare-t-elle ?

Cette confession intime est à la fois rugueuse et poétique. Visiblement Elsa Morante était entière, et dure, n’avait pas toujours bon caractère : « mon ange de tourment » dit Moravia. On parle de sa réputation de chameau. « Mon maudit caractère, mes bouderies idiotes… » et aussi « son humeur d’équinoxe ! »

« Que peut-on tirer de cette méchante Elsa, qui grifferait encore celui qui tendrait sa main pour lui faire une caresse ? »

Sa vie était l’écriture, il y a des accents qui ne trompent pas : « J’écris depuis que j’existe. Avant de savoir écrire, j’écrivais déjà. J’étais écrivain dans le ventre de ma mère. Avant de naître, j’étais écrivain. »

De son mariage houleux avec Moravia, de leurs disputes homériques, de la relation sadomasochiste avec Luchino Visconti, de sa passion pour un jeune homme, Bill Morrow âgé de 23 ans, peintre et homosexuel, on retiendra la fureur impossible de l’amour, la colère et la tendresse. Contre son père, le vrai ? ou contre le faux qui était lui-même homosexuel et qui lui a donné son nom.

Il ne devait pas être facile de l’aimer, mais il y a fort à parier qu’elle ne se serait pas laissé faire. Toutes griffes dehors, et l’écriture en-dedans…

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