Le verdict
Voilà. Le mot, pierre, est tombé
Sur mon sein encore vivant.
Ce n’est rien. Je m’y ferai.
J’étais prête depuis longtemps.
J’ai bien du travail aujourd’hui.
Il me faut tuer ma mémoire,
Il me faut empierrer mon âme,
Il me faut réapprendre à vivre.
Et pourtant…Ce foisonnement brûlant de l’été,
Comme une fête à ma fenêtre.
Depuis longtemps je pressentais
Ce jour si clair, cette maison déserte.
Eté 1939, extrait de Requiem
Anna Akhmatova, l’un des plus grands poètes russes du XXe siècle, a composé ces poèmes pendant la période stalinienne. Son premier mari est fusillé et son fils arrêté tandis que plusieurs de ses amis sont internés dans les camps. Ces poèmes parlent de l’attente, de la douleur d’une mère, des files de visiteurs devant les prisons.
Sa voix est ample et nue, les mots, simples, et des émotions profondes, celles de tout un peuple, habitent ces quelques vers qu’elle n’avait même pas osé écrire sur du papier.
Et comme tous les dimanches avec Martine