Silvia Avallone D’acier – Liana Levi Piccolo 2011 (2010 pour la version originale), traduit de l’italien par Françoise Brun.
Il y a des livres à côté desquels il ne faut pas passer… « D’acier » est de ceux-là parce qu’il sait traduire les mutations d’une société en crise, et celles qui traversent l’existence avec un talent et une énergie remarquables.
Dans ce livre, il y a d’abord une respiration , la respiration d’une énorme usine, qui crache sa fumée noire, et dont les rugissements de l’acier en fusion, les soubresauts des engins rythment la vie de ceux qui travaillent en son sein. Une ville et un quartier ont poussé près de l’aciérie, au bord de la plage, et des barres d’immeubles abritent la vie des ouvriers. Leurs enfants passent les journées à la plage, souvent sans surveillance. Des trafics se font près des cabines de plage, les corps à moitié nus des adolescent se livrent au regard et excitent la convoitise.
L’Usine comme une bête monstrueuse cache dans ses entrailles des centaines de chats faméliques et tue parfois ses enfants, les accidents du travail ne sont pas rares, et des vies agonisent sous les pelleteuses. Un rail de coke permet de supporter ce travail épuisant et l’haleine torride de la bête. Mais la bête se cabre ; ce sont ses derniers moments, la crise de l’acier pousse les dirigeants à délocaliser et les licenciements s’abattent sur les gens comme de la mauvaise grêle. Tout un univers en déshérence, des êtres en perdition dans une société capitaliste qui fait naufrage et emporte tout avec elle.
Anna et Francesca, 14 ans, sont les reines de ce monde en perdition. Elles promènent leur beauté insolente sous les yeux des garçons, unies par une amitié qui semble indestructible mais qui bientôt va vaciller sous les premiers émois de l’adolescence. Chacune va devoir choisir son chemin, ses amours et la vie qui va avec.
Francesca est la plus fragile, en proie à ses démons qui la poussent vers la violence et le danger.
Le monde des hommes que décrit Silvia Avallone, jeune auteure de 25 ans au moment de la publication de ce livre, est violent et souvent destructeur. Violence aveugle qui s’abat sur des femmes souvent faibles et parfois complices. Elle n’épargne personne et sait parfaitement décrire l’autre violence, plus feutrée, de la soumission à l’inacceptable de la part de femmes incapables de protéger et d’écouter les signaux de détresse de leurs enfants. Pourtant elle ne juge pas. Elle décrit avec beaucoup de subtilité un système dont les rouages broient tout ceux qui opposeraient une résistance. Elle montre l’espoir toujours absurde qui fait office d’amour, l’espoir comme une petite pilule de Valium. On espère toujours que cela va s’améliorer, que l’autre va changer ou qu’on va trouver la force de partir.
Ce roman est magistral, brillant, le ton incisif, le rythme trépidant, la langue parfois un peu familière mais au service de la construction sans défaut d’un récit qui vous tient en haleine jusqu’au bout.
Je n’ai encore jamais lu cette auteure. Et avec une telle chronique, il me semble être passée à côté de quelque chose. Je note
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Une vraie découverte pour moi.
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Je l’ai lu il y a plus de deux ans, j’en ai beaucoup parlé parce que cela avait vraiment, et cela reste, un coup de cœur ! Cela me fait toujours plaisir quand je lis un billet à propos de D’acier !
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Oui, je me souviens. C’est d’ailleurs comme cela que je l’ai découvert.
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Il a paru en poche, il me semble, non ?… Encore un titre qui dort sur ma LAL depuis trop longtemps, il est temps qu’il passe sur ma PAL ;0) Tu donnes très envie de le lire en tout cas…
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Oui, je l’ai acheté en poche.
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Son meilleur roman ! Un gros coup de coeur !
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Je n’en ai pas lu d’autre mais cela m’a donné envie de la découvrir.
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Tu en parles vraiment bien, tu donnes très envie de découvrir ce roman.
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C’est un livre très noir en fin de compte. Je pense que tu l’apprécierais.
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J’avais noté ce livre et cette auteure et au vu de ce que tu en dis, à lire absolument
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j’ai adoré ! merci d’en avoir parlé (j’en parle aussi sur mon blog)
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