
Dora Maar, connue surtout comme la muse de Picasso, fut aussi une photographe de génie et une peintre. Elle était à moitié croate, élevée en Argentine, et née en France, un 22 novembre 1907, rue d’Assas. Elle s’appelait en fait Henriette Théodora Markovitch.
Dora Maar rencontre Picasso à 28 ans, en 1935, présentée par Paul Eluard. Elle est alors l’ égérie de Georges Bataille. Leur liaison, orageuse, durera dix ans.
Il la peint comme une femme torturée, pour toujours elle sera « la femme qui pleure ».
« Un artiste n’est pas aussi libre qu’on pourrait le croire. Cest vrai aussi pour les portraits que j’ai faits de Dora Maar. Pour moi, c’est une femme qui pleure. Pendant des années, je l’ai peinte en formes torturées, non par sadisme ou par plaisir. Je ne faisais que suivre la vision qui s’imposait à moi. C’était la réalité profonde de Dora. Vous voyez, un peintre a des limites, et ce ne sont pas toujours celles qu’on imagine. »1
D’ailleurs, il la domine, de sa manière qu’on qualifierait aujourd’hui de perverse : il l’assure qu’il ne l’aime pas, qu’elle ne l’attire pas.
Mais Dora Maar a été une grande photographe : elle photographie le petit peuple des bas-fonds de l’Angleterre, Barcelone. « Elle immortalise les ouvriers, les gosses des rues ou les musiciens aveugles ». Elle traverse une période marquée par l’influence du surréalisme. Son Rolleiflex à la main, elle fut la contemporaine de Cartier-bresson, Brassaï et Man Ray. Mais elle travaillera aussi pour la publicité, pour preuve ces magnifiques nuques féminines qui servent de présentoir à de savantes arabesques et volutes réalisées au fer à friser. L’effet est saisissant.

Après la séparation d’avec Picasso, elle perd pied et internée à Sainte-Anne. Elle subit une cure, peut-être des électrochocs (mais on en n’est pas sûrs).
« L’enjeu de cette cure, c’est d’encourager chez Dora le penchant religieux. D’en faire une fervente catholique, de la détourner de la sublimation de l’art pour l’orienter vers la sublimation religieuse. »

Quelque temps après cet épisode, elle demeurera recluse dans son appartement jusqu’à sa mort, pendant plusieurs dizaines d’années. Période dont on ne sait rien ou presque.
Dora Maar est redécouverte aujourd’hui, dégagée de l’ombre portée de Picasso, en tant qu’artiste et c’est très bien.
Citation de Picasso in Françoise Gilot et Lake Carlton, Vivre avec Picasso, Paris, Calmann-Lévy, 1965, rééd. 1973 (page 114)
Merci, Ann. Je ne savais rien de cette femme.
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Quel destin pour cette artiste que je ne connaissais pas. Picasso jouait un jeu trouble avec elle. C’est triste de se comporter de la sorte. Passe un excellent weekend 😊☀️
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Merci pour ce retour. J’espère voir cette expo. C’est vrai que le nom de Dora Maar est associé à Picasso, c’est ainsi que je l’ai découverte, avec son reportage sur Guernica.
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Hé oui, pas toujours facile d’être la muse d’un peintre;..
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J’en avais vaguement entendu parler. Merci de la mettre en lumière.
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J’avais écouté une émission sur cette exposition. On y évoquait les photographies qu’elle a également réalisées de Picasso, renvoyant celui-ci, au rôle inversé de muse. Par ailleurs quelle vie terrible !
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J ai vu à Malaga une exposition sur Olga sa première femme..Je vais continuer mon exploration de ces femmes muses aimées puis rejetées. Des femmes bourrées de talent.Pas facile d’être la compagne d’un tel peintre il est vrai.
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