Archives pour la catégorie Femmes françaises

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (7)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Il est temps de cesser de lier systématiquement la nationalité aux origines ethniques et culturelles. »Oui, le peuplement de cette France, au carrefour de l’Europe, s’est fait grâce aux migrations successives. Nous nous amusons souvent mes élèves et moi, à prendre tous les noms de la classe, afin d’entendre à travers eux les grands voyages des ancêtres. Je leur dis  : « Soyez fiers de ce pays si riche de ses habitants, de son infinie variété, de ses possibilités infinies, et de tous ces apports si précieux. » Est-ce cela être patriote ?  Une remarque d’un élève : « Déjà les Francs, ils venaient de l’Est, et si jamais les gallo-romains avaient voulu les renvoyer chez eux, on serait mal. » Tout à fait d’accord, ce serait une autre Histoire.
  • « A cette époque de mondialisation, l’apparence ne suffit plus pour présager de l’origine géographique, encore moins de la nationalité. » : On met toujours les blonds au nord, les bruns au sud, les roux outre-manche et que sais-je encore. Ce n’est pas toujours malintentionné mais cela peut être casse-pied. Ce soupçon de l’ a-priori tu n’es pas d’ici mais d’ailleurs empoisonne notre vie sociale. Il faut toujours réitérer, confirmer, valider. On peut avoir l’impression de passer éternellement un examen déjà réussi. Pour ceux qui ont osé le mélange, le soupçon se porte sur la filiation même. Grande douleur parfois pour les métis, difficulté à construire son identité, quand on remet régulièrement en cause celle de tes géniteurs. « Mais enfin, elle ne PEUT PAS être ta mère ! ». Et toi qui as couvé jalousement cette perle en ton sein, qui a parfumé ton liquide amniotique des mille saveurs de l’amour, ton sang fait moins d’un tour et …
  • « L’anonymat chromatique, pour sûr, réduirait drastiquement le taux du chômage et relèverait le moral des victimes du tri sélectif. » On critique souvent les fonctionnaires, mais au moins pour une partie des examens et concours, l’anonymat garantit l’égalité. Oui, il faudra s’atteler à ce problème, qui n’est pas le moindre. Je me souviens, lorsque j’étais enfant, dans ma province lointaine, le grand jeu consistait à regarder les plaques d’immatriculation. Dans le chauvinisme ambiant, il ne faisait pas bon venir de Paris. Le racisme est un bon cran au-dessus et il fait des ravages. Il renvoie une image dévaluée de soi, exclut et met en sommeil les richesses humaines de ce pays.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (6)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Assimilation ou dissolution de soi, à moins qu’il ne s’agisse de dissimulation ? » L’intégration à la française suscite de nombreux débats. Je me rappelle ce que me racontait ma grand-mère lorsque j’étais petite, sur l’interdiction de parler occitan à l’école. Et la langue s’enfonçait dans ta tête à coups de règle sur les doigts, quand ce n’était pas pire. Aujourd’hui, tout le monde a une langue commune. Cette homogénéisation s’est faite par la violence. Il fallait dissimuler les mots qui cognaient contre les dents, ceux qui voulaient s’enrouler autour de ta langue, ou se coinçaient dans la glotte.
  • « Or l’affirmation de soi n’est pas une négation des autres, mais bien la capacité d’être parmi eux « : Prendre garde à ce qui est commun et partager ce qui ne l’est pas. mais les résistances sont de tous les côtés.
  • « La France est-elle ignifugée, pour laisser ses enfants turbulents jouer avec des allumettes ? » Non, Fatou Diome, et c’est pourquoi je sors de ma réserve moi aussi pour converser avec toi. Ma famille est une famille de sang-mêlés, d’outrecuidants, d’esprits libres et tout cela pourrait nous coûter très cher à l’aube des temps nouveaux.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (5)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Sous la mitraille allemande, Arabes de Ouarzazate ou Noirs du Sine-Saloum, les hommes tombaient parce qu’ils valaient français, autant que les Orléanais. » C’est quand même curieux, là il n’y avait pas de contrôle au faciès. Tout le monde était gris, mesdames, messieurs, tout le monde était aussi gris que la terre de cendres qui marquait les visages et les noyaient dans la mort et la souffrance.
  • « Voilà pourquoi les canards boiteux, exilés, réfugiés, migrants, déshérités, handicapés, homosexuels, les ségrégués, tous ces bâtards du monde sont miens. » : Nous sommes soeurs, Fatou Diome, et pourtant au temps du féminisme et de la lutte pour les droits des femmes, lorsque ces slogans flottaient sur les bannières des manifestants, des ségrégués de tout poils continuaient à tenir les femmes pour une sous-catégorie de l’espèce humaine. Le respect est parfois unilatéral, mais que cela n’empêche pas d’avancer. Ma mère qui s’appelait Gangloff, réfugiée en Dordogne en 1942,  cheveux châtains et yeux bleus, était appelée « La boche » par équanimité. Elle était blanche, mais pas de la manière qu’il faut. Fatou, il faut que je te dise, dans le blanc aussi  il y a toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
  • « Il faut enseigner l’Histoire et rappeler qu’au cours des deux grandes guerres mondiales, les ascendants des indexés pas-assez-d’ici, réquisitionnés ou volontaires, se battaient aux côtés des patriotes, mouraient en terre européenne, endeuillant l’Afrique pour l’avenir de la France, pendant que les traîtres à Marianne perdaient leur dignité au garde-à-vous devant la petite moustache outre-rhénane » . C’est curieux, n’est-ce pas, ces subites pertes de mémoire. La France, paraît-il, était à Londres, aux côtés du Général de Gaulle. Dans cette France-là, il n’y avait que des fantômes, tout le monde s’était carapaté ! On se demande alors qui étaient tous ces gens qui dénonçaient, ceux qui sanglés dans leur uniforme parfaitement repassé, venaient arrêter et déporter des gens qui étaient aussi français qu’eux.  Fatou, il faut que je te dise, dans le blanc aussi  il y a toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (4)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Vous avez une amie noire, soit ! Devrions-nous vous décerner une médaille ? Est-il donc si difficile de nous aimer ? » Incroyable alibi, qui ferait d’un visage pâle un authentique xénophile antiraciste. Regardez, je montre patte noire mais mon âme est pure ! Dis-moi quels sont tes amis et je ne te dirai pas qui tu es.
  • « Honte à ces accueillis pas accueillants, devenus de redoutables diviseurs de la France ! Marianne porte plainte. » : Il y a parmi nous, des Français qui voudraient être plus français que d’autres, lesquels élite d’une ancienne immigration, ayant fait preuve de leur francité voudraient en interdire l’accès à ceux qu’ils jugent moins méritants qu’eux. Ils ont prévu tout un parcours d’obstacles afin de tester votre appétence à la nationalité. Qui aime bien, châtie bien.
  • « Autant qu’à vous, la France, en sa liberté, appartient aux descendants de ceux qui sont morts pour la défendre. » J’ai vu il y a deux jours, aux Actualités, que d’anciens tirailleurs sénégalais s’étaient vus octroyer la nationalité française par notre Président de la République. La nationalité n’est pas question d’opportunisme, ce n’est pas le refrain « je t’aime, je te jette ». Merci encore à tous ceux qui nous permis d’être et de rester français.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (3)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Qu’ils sachent qu’ici comme ailleurs, l’identité de toute nation, ce sont d’innombrables ruisseaux, de longueurs, de saveurs et de couleurs différentes, qui versent tous dans le même fleuve. » Voilà toute la fierté de notre littérature, ces innombrables mots qui roulent sur les galets, qui ont la saveur des contrées lointaines, qui remodèlent nos paysages intérieurs et nous permettent de repousser l’horizon. La langue se nourrit de tous ses ailleurs, de la Bretagne, du Pays basque, ou de la Réunion. De tous ces endroits dans le Monde où l’on parle le français, en le tissant de tournures particulières, et d’un vocabulaire inédit. Voir les très belles initiatives en Guadeloupe, où le français se nourrit du créole.
  • « La France est multiple, ses passions successives, ses idoles innombrables, son identité lui ressemble. » : La France au carrefour de toutes les confluences, aux couleurs de l’arc-en-ciel. De grands artistes, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Ionesco, Tahar ben Jelloun, Milan Kundera et tant d’autres ont caressé la langue française.
  • « La France n’a aucune raison d’avoir peur, c’est son ouverture, l’amour qu’on lui porte de par le monde et la liberté qu’on y vient chercher qui la protègent, même de vous. » La France, terre d’accueil, s’est enrichie de tous ceux qui ont foulé son sol et s’y sont installé. Nombreux sont nos hommes et femmes politiques qui viennent d’ailleurs, faut-il le rappeler ?

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte ! (2)

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « […]il s’agit d’agir pour, de susciter un élan. » Nous avons vraiment l’impression que cette campagne s’articule contre, contre les étrangers, contre l’Europe, contre … contre… les fraises pas assez sucrées, le vent un peu trop frais, le café amer, contre…
  • « Parce que le savoir ôte de la force à la haine, l’éducation reste le meilleur antidote face aux menaces qui guettent la société. » : Oui, bien sûr, mais les SS étaient parfaitement éduqués et retrouvaient leurs familles le soir après avoir envoyé à la mort des centaines de Juifs. Certains cadres de partis qui prônent la haine et le repli ont usé leurs culottes sur le banc des grandes écoles ou des universités.  Et dans nos classes, certains esprits semblent imperméables aux discours humanistes, occupés la plupart du temps à vouloir en découdre avec le voisin ! La haine aussi se transmet, ailleurs que sur les bancs de l’école (enfin depuis on a mis des chaises).
  • « Pour communiquer avec Marianne, j’ai invité mes pangôls, esprits de mes ancêtres ceddos, voici mes masques animistes, mes calebasses de mil, mes jarres de lait caillés destinées aux libations, mes danses endiablées, mes polyphonies, ma musique composite, ma plume de pélican, mon encre mauve d’errance, ma franco-sénégalaise langue aux sept accents et même cette grosse fraise sous mon décolleté. » Et nous sommes heureux de ces merveilleux cadeaux que tu nous apportes, et je les contemple émerveillée, je ne me lasse pas de tes trésors et de cette langue aux sept accents qui nous emporte et nous ravit. La beauté de cette langue, la force de ton art (Excuse-moi je te tutoie, mais nous sommes compagnonnes de lutte, cela crée forcément une intimité), devrait contraindre à l’humilité tous ceux qui ne possède pas plus de quatre ou cinq mots à leur vocabulaire, tellement leurs idées sont rases, au niveau de leur gazon (s’ils en ont un). Parfois dans ma classe, parmi toutes ces têtes (dont très peu sont blondes), je surprends une future Fatou faire un clin d’oeil au destin.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Je bats ma campagne avec : Fatou Diome – Marianne porte plainte !

La campagne présidentielle est officiellement ouverte et à la vue de toutes ces belles affiches placardées sur les murs électoraux, j’ai décidé de lancer la mienne, toute symbolique, même si sur ce blog, j’ai déjà recueilli plus de 500 signatures. Bien sûr je suis loin de faire le buzz, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car je joins ma voix à celle de Fatou Diome.

Quelques citations permettront de poser plus clairement le débat, toute cette semaine, à chaque article, j’en ferai trois :

  • « Je ne suis pas française par le hasard d’une naissance, que nul ne doit à son mérite. » Dans ma famille, il y a tous les continents réunis par les soubresauts de l’Histoire : l’Europe, l’Afrique, l’Asie, mais il me manque toutefois l’Océanie (Sans parler de l’Antarctique »). Nous sommes tous des fervents défenseurs de Marianne et avec elle et Fatou nous portons plainte ! Je compte sur mes descendants pour réparer ces quelques oublis. Il y aura peut-être un jour une chercheuse en Antarctique !
  • « […] je suis française par choix, donc par amour, mais aussi par résistance, car le saut d’obstacles que l’on exigea de moi, huit années entières, briserait les jambes d’une jument. » J’ajouterai avec Fatou Diome que certains des miens sont nés ici pour autant il semble qu’ils n’auront jamais fini de faire leurs preuves.
  • « En revanche, je suis certaine que les grandes dames de France comme Louise Michel, Lucie Aubrac, Germaine Tillion, Louise Weiss – qui toutes combattaient les ténèbres pour la justice et la liberté – ne seraient pas restées dans leur boudoir, à juger de la finesse de leurs dentelles, en attendant qu’on démembre, saucissonne leur République de femmes d’honneur; […] Ha, et elles sont encore plus nombreuses sur ce blog, Manon Roland, Fanny Raoul, Olympe de Gouges, ici pas de doute, on peut se tenir chaud. Et moi, je te le dis, nous sommes toutes derrière toi.

Marianne porte plainte ! - Fatou Diome - Babelio

Romancières franco-marocaines, salon du livre de Paris mars 2017 : Lamia Berrada-Berca – Kant et la petite robe rouge

Kant et la petite robe rouge - roman d'actualité

Lamia Berrada-Berca – Kant et la petite robe rouge La cheminante 2016

Cette longue nouvelle est un vrai coup de cœur.

Véritable parcours initiatique, l’éveil d’une femme au désir et à la liberté… L’histoire pourrait paraître banale : une jeune femme marocaine vient rejoindre son mari en France. Très ancrée dans la tradition patriarcale, elle ne sait ni lire ni écrire et ne sort qu’à l’abri de son voile intégral. Elle est soumise à son mari et se plie au devoir conjugal sans se poser véritablement de questions sur ce qu’elle désire. Son éducation l’a conditionnée à être une épouse soumise, entièrement dévouée aux besoins de sa famille. Jusqu’au jour où le désir va faire irruption dans sa vie sous la forme d’une jolie robe rouge dans une vitrine.

« Le désir d’une robe rouge est un affreux péché quand on sait depuis toute petite qu’on est née pour porter une robe noire, pour porter des vêtements longs qui cachent bien tout le corps, qui cachent le noir des cheveux, qui vont jusqu’à cacher ce qu’exprime le noir des yeux. C’est être protégée que d’être dans le noir, protégée du désir des hommes qui ont le droit, eux, de désirer. »

La tentation va la tarauder longtemps et bousculer les principes auxquels elle obéit sans se poser vraiment la question de leurs fondements.

Elle va voler aussi, sur le palier du voisin, un livre qui traduit par sa fille, se révèlera être un livre de Kant, qui pose la question de ce que sont les Lumières. Et il répond : « C’est sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. » Et la minorité est « l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un autre. »

La révolution Kantienne, aussi importante que la révolution copernicienne, qui place l’autonomie dans l’entendement humain.

A la fin du livre, un recueil de textes évoquant l’émancipation, l’égalité, la liberté des femmes complète ce très original périple littéraire.

J’ai découvert une auteure dont j’aimerais beaucoup lire les autres œuvres.

Les origines de Lamia Berrada-Berca sont multiples, un arrière-grand-père suisse, une arrière-grand-mère écossaise, une mère française et un père marocain né d’une mère berbère et d’un père berbère  lui permet de dépasser les particularismes culturels..

Devenue professeur de Lettres Modernes après des études à la Sorbonne, elle a enseigné plusieurs années en région parisienne avant de se tourner vers l’écriture et le journalisme.

Pénélope Bagieu – Culottées Tome 1

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Ce premier opus écrit et dessiné par Pénélope Bagieu retrace la vie et les oeuvres de femmes  au destin singulier, qui ont marqué leur temps ou plus modestement la vie de leur entourage si ce n’est celle de leurs contemporains. Il est souvent très émouvant, car en guise de faits d’armes, il s’agit pour certaines de ces femmes de s’accepter, et de revendiquer leur identité, je pense notamment à l’histoire de la femme à barbe et de sa pilosité toute masculine ou à celle de Margaret Hamilton qui rêvait de jouer des rôles romantiques mais que le physique jugé disgracieux obligea à jouer des rôles de sorcières, mais aussi  à Christine Jorgensen qui naquit homme mais se sentait femme. Toutes ces femmes ont en commun un courage magnifique, une ténacité incroyable et certainement une personnalité hors du commun : pour preuve l’histoire de Giogina Reid qui pour sauver le phare de sa région, conçut et réalisa pendant plus de quinze ans, avec l’aide de bénévoles,  un dispositif ingénieux pour empêcher l’érosion de la falaise sur laquelle il était juché.

Elles ont toutes pour dénominateur commun, d’inventer, de créer et de refuser de rentrer dans le rang : Annette Kellerman révolutionna le maillot de bain féminin, Delia Akeley, divorcé de son explorateur de mari, se lança à son tour seule dans l’aventure, Tove Jansson vécut son homosexualité tout en créant sa série de Moumines que, devenus embarrassants, elle refourgua à son frère, Agnodice alla étudier la médecine en Egypte pour contourner l’iniquité des lois athéniennes en – 350, qui interdisaient au femmes d’étudier et d’exercer la médecine, et Lozen, femme apache, au XIXe siècle refusa de se marier pour pouvoir combattre.

Oui, ces femmes se moquent bien de ce qui est interdit et n’en font qu’à leur tête, quitte à prendre la culotte réservée aux hommes.

Elles prirent également le pouvoir politique ou combattirent l’oppression : Wu Zetian devint la première impératrice de Chine, Nzinga, reine du Ndongo et du Matamba, et Las Mariposas, quatre sœurs courageuses et têtues combattirent la dictature de Trujillo au péril de leurs vies.

Quant à Josephine Baker, tout le monde connaît sa vie ou presque, mais le coup de crayon de Pénélopé Bagieu la fait revivre avec talent sous nos yeux. Pour finir j’évoquerai l’histoire de Josephina van Gorkum qui imagina un stratagème très efficace et néanmoins poétique pour défier les traditions de son pays qui maintenaient les différentes communautés dans une sorte de ségrégation interdisant aux époux d’être enterrés ensemble s’ils étaient de confessions différentes.

Je ne voudrai pas oublier Leymah Gboweee qui obtint le Prix Nobel de la Paix grâce à son action auprès des femmes du Liberia et parvint à alerter la communauté internationale sur les exactions au Liberia, rassembla les femmes de toutes confessions dans la lutte, et lorsque Charles Taylor accepta de quitter le pouvoir, battit la campagne pour convaincre les femmes d’aller voter. C’est ainsi que Ellen Johnson Sirleaf devint la première présidente d’Afrique.

Oui, beaucoup d’émotion dans cette BD, une émotion douce qui laisse le coeur ravi.

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Etre femme et écrire : Claude Pujade-Renaud et le déclic de l’écriture

« Tout n’est pas transférable. Mais lorsque j’écris, j’essaie de ne pas perdre le contact avec une sorte de pulsation du dedans qui conserve tout de même quelque chose de corporel et une respiration. Parfois il y a une pulsation, une respiration qui passe dans la phrase.
L’apprentissage du sport puis de la danse m’a montré que souvent il faut « tenir bon ». Affiner un geste, trouver le mot, modifier le rythme d’une phrase n’est pas donnée d’emblée. C’est valable pour n’importe quelle activité. 90% de transpiration, 10 % d’inspiration. »

Entretien avec Claude Pujade-Renaud paru dans le n°13 de la revue Contre-pied, novembre 2003, page 74. Revue du centre national d’étude et de formation, EPS et société.

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Quelques-uns de ses livres pêle-mêle …

Céline Minard – Faillir être flingué

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Céline Minard Faillir être flingué Rivages poche, 2013, Editions Payot & Rivages

Prix du Livre Inter 2014

Céline Minard revisite le mythe de l’Ouest américain et la confrontation de deux mondes celui des Blan,cs et des Indiens, à travers des personnages atypiques et attachants. Elle n’élude pas la violence des colons, ne fait pas des Indiens uniquement des martyrs, mais brosse des portraits vivants de ces parias qui quittèrent la vieille Europe pour tenter leur chance dans ce Nouveau Monde. Ce n’est pas exactement le début de la colonisation, les Indiens élèvent les chevaux, guerroient entre tribus ennemies, commercent avec les Blancs et conservent encore une grande partie de leurs terres.

Dans cette nature sauvage composée de grandes prairies, de montagnes et de forêts, tous les destins convergent vers une ville naissante. Celui d’Eau-qui-court-sur-la-plaine, une indienne dont tout le clan a été décimé, qui rencontre Brad, Jeff et le fils de Brad, Josh, celui de Bird Boisvert , ancien cow-boy reconverti dans l’élevage de mouton, Sally, tenancière de saloon qui n’a pas froid aux yeux et sait manier le colt aussi bien qu’un homme, de Zébulon, au passé mystérieux et tourmenté, qui transporte de mystérieuses sacoches, sans compter Elie Coulter, voleur de chevaux au caractère intrépide, et Gifford, ancien médecin repenti, n’aimant rien tant que contempler la nature sauvage et dessiner les oiseaux.

Ce western est une ode à la nature sauvage et aux grands espaces, une ode contemplative, dont Eau-qui-court-sur-la-plaine est l’élément le plus poétique : « Eau-qui-court-sur-la -plaine n’avait pas de parents, ils avaient brûlé. Eau-qui-court-sur-la -plaine n’avait pas de wigwam, il s’était déchiré. Pas de provisions, elles avaient roulé. Pas de pleurs, ils s’étaient asséchés. »

Elle est le symbole de la rencontre de ces mondes, elle n’a pas un seul peuple mais plusieurs, et veille, guérit, soigne les colons, pour finir par être respectée de tous.

Un livre et des destins auxquels on s’attache. Un bon livre. Beaucoup plus qu’un livre de genre.

Delphine de Vigan – Un soir de décembre

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Delphine de Vigan – Un soir de décembre -JC Lattès, 2005 (P1612) 195 pages

Dans ce roman, Delphine de Vigan se met dans la peau d’un homme, écrivain sur le tard, une femme et deux enfants, qui connaît un formidable succès et son revers, la dépression. Bien sûr, la crise a une origine, la lettre d’un ancien amour, qui fait tout voler en éclats, le quotidien et surtout la famille.

L’auteure explore les liens puissants entre l’écriture et le désir, les jeux trompeurs de la mémoire qui reconstruit le passé, le besoin de s’inventer et d’échapper au quotidien. Mais avant tout, selon moi, le terrible travail de l’écriture, de la création, qui peut vous laisser exsangue, parce qu’elle plonge au plus profond de vous-même, s’enracine dans l’inconscient, met à jour les failles, libère des forces qui peuvent vous terrasser. L’écriture est une aventure charnelle qui vous prend tout entier, une aventure dans tout ce qui est obscur, puissant et lumineux. On écrit avec ses entrailles, son passé, ses désirs et ses peurs. Visiblement, on n’en ressort pas indemne.  Plus fort peut-être, différent.

C’est tout l’intérêt de ce livre dans lequel j’ai eu un peu de mal à entrer. Mais comme toujours, l’auteure arrive à ferrer le lecteur, avec parfois un caillou et trois bouts de ficelle.

Léonor de Récondo – Amours / Une merveille…

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Léonor de Récondo – Amours Sabine Wespieser Editeur 2015 Points 4327

Grand prix RTL-LIRE / PRIX DES LIBRAIRES

Ce livre est une merveille. D’ailleurs, point n’est besoin de lire cette chronique, il vous suffit de courir à la librairie la plus proche, d’arracher sauvagement le livre des rayonnages, et là, sans même attendre, de vous plonger dans ce chant d’amours.

Car il s’agit d’amour multiples, entrelacés, d’une terrible force, de ceux qui vous arrachent à votre vie pour vous élever vers une autre, plus grande, plus pure, plus passionnée.

Léonor de Récondo est musicienne, et cela s’entend, son écriture a la beauté des musiques baroques, où les motifs se dilatent et se multiplient dans un éternel recommencement. « Les uns contre les autres s’aimer ». Un jeu de tensions et de détentes…

Et que de violence pourtant, dans cette France de début du siècle, derrière les volets des grandes maisons bourgeoises, des femmes se meurent d’ennui, dans un univers aussi serré que leurs corsets, où les pas des domestiques sont si feutrés qu’ils brisent à peine le silence. Même les conversations sont pleines du vide qui les étreint. Les hommes jettent leur gourme avec les servantes ; leurs femmes n’ont pas appris l’amour et le sexe les rebute. D’ailleurs la morale, la religion, et l’ignorance héritée de leurs mères ont tout fait pour les en dégoûter.

Leur destin est d’être mère, de reproduire et de donner des enfants à la France. Enfanter c’est servir la famille et la patrie. Et des fils, car les fils font des affaires, l’amour et la guerre.

Victoire n’a pas d’enfant alors qu’elle est mariée depuis plusieurs années. Elle n’aime pas son mari, elle s’ennuie, absorbée par la vacuité d’une vie sans saveur. Les domestiques s’affairent autour d’elle ; Victoire ne fait rien car elle n’a rien à faire. Elle évite autant qu’elle peut les étreintes de son mari. Mais qui l’en blâmerait ?

« Il ira à l’essentiel comme toujours. L’essentiel se situant entre ses cuisses, qu’elle rechigne à écarter, il lui faut toujours forcer un peu ».
Alors le corps de Victoire se tait.

Monsieur va voir ailleurs de toute façon, mais elle ne le sait pas, Monsieur connaît bien l’autre chambre sous les combles …

Née en 1976, Léonor de Récondo vit à Paris. Violoniste baroque, elle se produit régulièrement avec de nombreuses formations, dont l’Yriade, ensemble de musique qu’elle a fondé en 2004. Elle est l’auteure de quatre romans.

Fanny Chiarello – Dans son propre rôle

Fanny Chiarello – Dans son propre rôle – Editions de l’Olivier 2015 –  version de  poche Points P4283

Vignette femmes de lettresLa guerre a laissé des traces profondes dans la vie des anglais. Nous sommes en 1947, et Fanny Chiarello nous raconte l’histoire de deux femmes, éprouvées dans leur cœur et leur corps par le drame. L’une a perdu son mari et l’autre sa voix ; elle est devenue muette. Une lettre reçue par erreur et une même passion pour l’Opéra vont leur permettre de se rencontrer.

Elles sont toutes les deux dans une position de sujétion, l’une est femme de chambre dans un grand Hôtel et l’autre bonne dans la maison d’une aristocrate. Les chapitres alternent l’histoire de l’une et de l’autre et décrit leur attitude face au deuil. Marquées par un même traumatisme, le passé leur cloue les ailes et il faudra le choc d’une rencontre, sa violence et son amertume, pour qu’elles puissent continuer à cheminer et osent se lancer vers l’avenir.

J’avoue que je ne suis pas du tout entrée dans cette histoire ; je n’ai pas compris pourquoi Fenella voulait rencontrer à tout prix Jeanette, ni ce qui la séduisait chez elle. Pas plus que leur lien à l’opéra.

Tout m’a paru artificiel et invraisemblable et je n’ai pas cru une seconde à cette histoire. Toutefois la réflexion est intéressante et m’a fait penser à la mauvaise foi du garçon de café de Sartre. Si nous jouons un rôle, autant jouer sa propre partition, puisque nous ne saurons jamais qui nous sommes, étranger à nous mêmes et aux autres. L’Opéra et son rapport à la voix, au corps, au chant, est une belle métaphore.

Malgré mes réserves, toutes personnelles, ce livre a eu un réel succès car il a reçu le Prix Orange du livre 2015.

( Depuis sa création en 2009, le jury du Prix Orange du Livre, sous la présidence d’Erik Orsenna est composé pour moitié de professionnels du livre, et pour l’autre moitié de lectrices et lecteurs passionnés par la littérature.)

C’est un roman dont les avis semblent assez partagés mais qui est très bien écrit et dont la légitimité ne fait aucun doute.

Karine Reysset – Les yeux au ciel

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Karine Reysset – Les yeux au ciel – Editions de l’Olivier, 2011 / 189 pages

Ce que l’on tait revient toujours. Et tous les empilements ne servent à rien. Les vieilles douleurs sont diffuses ; elles vous imprègnent. Elles ont déposé des strates, des marques, des cicatrices. Thème rebattu s’il en est, les traumatismes de l’enfance, la violence des secrets de famille infligent de terribles souffrances aux individus. Mais Karine Reysset sait écouter ses personnages sans les juger, elle donne à chacun sa voix, à chacun sa place : Marianne, seconde femme de Noé, mère un peu lointaine, Noé qui manqua certainement lui aussi à ses enfants, parce que la douleur l’a tenu éloigné d’eux, Léna, mère exténuée et au bord de la crise de nerfs, Stella paniquée par la grossesse de son amie de cœur, Merlin qui a laissé sa fille Scarlett à ses parents parce qu’il était incapable de l’élever, et Achille, le brillant Achille, issu d’un premier lit, qui vit aux Etats-Unis, et s’est senti rejeté par sa belle-mère, et délaissé par son père.

Noé fête ses 70 ans aux Myosotis, la villa familiale de Saint-Lunaire, et tout le monde est rassemblé pour l’occasion. Ce sont des esquives, des joutes, des tentatives de rapprochement aussi, et l’ombre de cette petite sœur morte si jeune qui plane sur la fête familiale. Alors des murmures s’élèvent, des tentatives maladroites pour dire la souffrance, la culpabilité que chacun tait, pour sortir de ce carcan. Achille a pris une décision qui va bouleverser son existence et celle des enfants, prêt à les écouter enfin, chacun va essayer de trouver le chemin d’une possible résilience…

Un beau livre, tout en nuances, en souffles, en profondeur…

Merci Karine Reysset…

Carole Martinez présente « La Terre qui penche »