Archives pour la catégorie Femmes françaises
Chochana Boukhobza et Rula Jebreal
Chochana Boukhobza, française. A vécu plusieurs années en Israël.
J’ai choisi de rapprocher ces deux auteures (Chochana Boukhobza et Rula Jebreal) car toutes deux vivent en dehors d’Israël, la France ou l’Italie. Toutes deux également prennent Jerusalem comme véritable personnage de leur roman, en des descriptions véritablement éblouissantes en ce qui concerne Rula Jebreal.
20% de la population Israélienne est Arabe (source France Inter, émission mai 2012)
Palestiniens de l’intérieur ou réfugiés de l’intérieur sont des Palestiniens détenteurs de la nationalité israélienne. Palestiniens ou Arabes en Israël . « Selon les principes fondamentaux de la démocratie israélienne, ces citoyens ont les mêmes droits que les autres Israéliens. Toutefois, des discriminations sont dénoncées contre ces populations, parfois soupçonnées par leurs concitoyens de soutenir la cause palestinienne aux dépens de l’existence de l’État d’Israël. La majorité des Arabes israéliens ne sont pas appelés à servir l’armée de défense israélienne »
Chochana Boukhobza (hébreu: שושנה בוקובזה ), née le 2 mars 1959 à Sfax en Tunisie est un écrivain français. Elle a quitté la Tunisie pour Paris à l’âge de 4 ans, puis émigré en Israël à l’âge de 17 ans jusqu’à son retour à Paris à l’âge de 21 ans.1.
Elle a étudié les mathématiques en Israël.
Elle est l’auteur de plusieurs romans : le premier, Un été à Jérusalem, a reçu le prix Méditerranée en 1986 alors que le second, Le Cri, a été finaliste au Prix Femina en 1987. Elle a aussi écrit de nombreux scénarios. En 2005, elle a co-réalisé un documentaire « Un billet aller-retour » (Paris-Barcelone Films productions).
(source Wikipédia)
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Elle est née en 1973 à Haïfa ; elle est à l’origine de nationalité israélienne (arabe), et a par la suite acquis la nationalité italienne6.
« Suite au suicide de sa mère, elle devient en 1978 élève du Dar al-Tifl ; en 1993, elle part en Italie poursuivre ses études, grâce à une bourse du gouvernement italien. Elle commence à travailler pour la presse en 1997, d’abord dans le domaine social, puis dans celui des affaires internationales, notamment sur le conflit israélo-palestinien. Elle a publié trois livres : les romans Miral et La Promise d’Assouan, et un ouvrages d’entretiens Divieto di soggiorno1concernant les immigrés en Italie.
Relativement au conflit israélo-palestinien, elle assume la position « deux peuples, deux Etats » avec une alliance israélo-palestinienne contre les extrémistes religieux; elle agit aussi pour la réalisation du droit à l’éducation des Palestiniennes. (source Wikipédia)
http://www.france24.com/fr/20100522-journalisme-italie-palestine-femmes-droits-humains
Soeurs Chocolat – Catherine Velle
Sœurs Chocolat- Catherine Velle Editions Anne Carrière, 2007
Ne vous imaginez surtout pas deux plantureuses gourmandes, bruissantes d’étoffes, tenant un de ces fameux salon où l’on servait ce breuvage délicieux ,non l’ambiance est plus austère, monacale dirais-je.
Communauté au cœur de la France, l’abbaye de Saint-Julien du Vaste-Monde
Honore la tradition du chocolat en recevant la Cabosse d’or.
Or, pour pouvoir continuer à le produire, les Sœurs doivent se rendre en
Colombie pour recevoir la part de fèves qui leur est réservée.
Oublieuses du danger, n’écoutant que leur courage, bravant anacondas, piranhas, et
Les araignées venimeuses, en pleine forêt amazonienne, ou sous un nom d’emprunt,
Anne et Jasmine, les deux sœurs prêtes à tout pour sauver leur communauté,
Trouvent encore la force d’ affronter les bandits qui en veulent à leur cabosse !
Délicieux, futile et revigorant… On ne s’ennuie pas une seconde tant les aventures rocambolesques des soeurs se succèdent à un rythme effréné. Une belle réflexion toutefois en filigrane sur ce qui conduit à l’engagement monastique.
lecture commune avec Hélène Choco
Elan d’elles – Collection d’Elan sud – Muriel Rossi/Les centiments
J’aimerais présenter la collection « Elan d’elles », créée par la maison d’édition Elan Sud et que je trouve particulièrement intéressante dans son projet.
Cette collection est présentée comme résolument « féminine » sans être « féministe », et rassemble des textes intimistes dans lesquelles la voix singulière d’une femme se fait entendre, révélant la difficulté qu’il y a parfois à être « Femme d’ici ou d’ailleurs dans un monde résolument masculin. »
Son intérêt réside aussi dans le fait qu’il s’agit d’une collection, et non de l’ensemble des publications, comme le font les éditions « Des femmes » ou « Le chèvrefeuille étoilé », qui s’insère ainsi harmonieusement dans une pluralité de démarches et de voix.
J’ai lu le premier livre de la collection, celui de Mireille Rossi, « Les centiments », « Toute petite unité de mesure à valeur fluctuante ».
L’objet « livre » est très soigné, la pagination élégante et la qualité du papier comme de l’impression assurent une lecture confortable.
J’ai lu ce livre d’une traite, en une après-midi. Il s’en émane un charme subtil, une atmosphère feutrée, une lecture à mi-voix, qui ont fait qu’une fois commencé je ne l’ai plus lâché.
On renoue ici avec une tradition liée au féminin en littérature, l’exploration de la sphère de l’intime et des sentiments qui, parce qu’elle n’est pas exclusive et ne cherche pas à être un genre où l’on cantonne l’écriture féminine, trouve sa place et se réinvente dans notre modernité.
Mireille Rossi pose la question de l’écriture et de la création et interroge cette nécessité , cette urgence que ressent celui qui écrit à « contresigner ce que d’autres vivent sans en faire de copie ». Elle l’enracine dans un texte où s’organisent de nombreuses filiations, à la mère, à sa grand-mère mais aussi à l’enfant qui ne naîtra pas. Elle y établit aussi la genèse de son désir d’écrire et de raconter ce qu’elle observe et les gens qu’elle croise, qu’elle devine. Elle prouve si besoin n’était qu’il n’y a pas de création ex-nihilo, mais qu’on crée avec son propre fond au sein d’une histoire singulière dans un réseau de relations et dans un espace déterminé. Elle explore toutes ces figures dans sa relation à l’impossible amant, relation démultipliée à l’infini dans d’autres histoires où la quête est tout aussi problématique.
Si raconter c’est tisser, Mireille Rossi utilise souvent l’image des fils de soie , du cordon qui la relient de tous les endroits d’où elle vient à tous ceux où elle va au fil des saisons qui rythment le récit et le clôt également sur lui-même. Elle raconte et se raconte, se livre et se délivre dans des pages où le ton est aussi parfois celui de la confidence plus que de la confession, le ton celui du murmure, explore les failles et les blessures, les absences et les deuils qui donnent aux sentiments ce goût de cendre et de mélancolie.
L’échappée belle d’Anna Gavalda
Cet ouvrage est paru hors commerce chez France Loisirs en 2001. C’est la version revue et corrigée par l’auteur
C’est l’histoire de trois frères et sœurs qui se retrouvent lors d’un mariage et décident de s’en échapper pour retrouver le petit dernier qui est gardien d’un château en province.
La lecture d’un roman d’Anna Gavalda est toujours une expérience jubilatoire ; on est touchés par l’humanité de ses personnages avec lesquels on sent une étrange empathie, même s’ils sont différents par l’âge et la situation sociale. Ils sont des sortes de kaléidoscopes dans les fragments duquel on se reconnaît, en partie, mais jamais totalement.
L’écriture de Gavalda est pétrie d’humanisme mais dénuée de complaisance. Ses personnes sont toujours un peu décalés, en marge de la société dans laquelle ils vivent ou en dehors de la morale bien-pensante. Est-ce par faiblesse ?
« Pourquoi sommes-nous ainsi tous les quatre ? pourquoi les gens qui crient plus fort que les autres nous impressionnent-ils ? Pourquoi les gens agressifs nous font-ils perdre nos moyens ? »
C’est ce décalage qui produit des effets poétiques parce qu’il génère une sorte de spleen à la Baudelaire : une telle joue au poker, telle autre vient de divorcer ou est gardien dans un château. Aucun de ses personnages ne cherche à exploiter les autres, non, mais tous sont à la recherche d’un bonheur impossible. C’est une philosophie de la joie et du lien qui court dans ce roman comme dans tous les autres : le lien social, la jouissance du moment présent.
On ressort de la lecture le sourire aux lèvres, même si au fond il ne s’est pas passé grand-chose.
No et moi – Delphine de Vigan
Adolescente surdouée, Lou Bertignac rencontre No, SDF. Elle tente de la sauver, l’accueille chez elle et l’aide à prendre un nouveau départ. mais No a touché le fond, trop blessée par la vie. Elle repartira de son côté.
La question posée ici est : à partir de quel moment est-il trop tard dans la vie de quelqu’un ? A quel moment le basculement s’est-il produit ? Pourquoi à un moment donné cesse le désir de vivre et de se battre? A quel moment, l’individu va-t-il se laisser dévaler la pente?
» Sommes-nous de si petites choses, si infiniment petites, que le monde continue de tourner, infiniment grand, et se fout pas mal de savoir où nous dormons? ».
Nos souffrances n’ont pas de poids, personne ne viendra nous sauver ou soulager nos maux. Le pire mal des sociétés humaines est cette indifférence.
Delphine De Vigan montre ainsi le paradoxe : nous sommes capables des plus extraordinaires découvertes scientifiques, d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, mais aussi de laisser mourir des gens dans la rue. La puissance de cette raison qui semble si efficace et la faiblesse du cœur et des sentiment, la tragédie de l’Homme, en fait, incapable d’amour.
L’élégance des veuves – Alice Ferney
Une force obscure pousse les corps les uns contre les autres, creuse le désir et fait chanter la chair car « le sang et la chair ont une éternité derrière et devant eux. »
Le livre d’ Alice Ferney, à travers une chronique familiale, rythmée par les décès et les naissances dans un cycle vital, explore la condition des femmes au début du XXe siècle dans le milieu de la bourgeoisie.
Le destin des femmes est d’être mère, de « s’occuper de la maison, des repas, des invitations, de l’enfant à venir, de son époux et de ses amies ». Les couples ne font pas l’amour mais des enfants. Le conservatisme religieux pèse sur le destin des femmes de la bourgeoisie qui à l’instar de Mathilde, un des personnages principaux, enchaîne une grossesse après l’autre. Dieu commande et la chair obéit, il donne et il retire.
Mathilde, épuisée par ses grossesses successives en mourra. Le mari sera complice de cette mort, car il sera resté sourd aux avertissements du médecin qui lui recommandait d’épargner une nouvelle grossesse à sa femme.
Pourtant le mariage d’Henri et de Mathilde est un mariage d’amour mais dans lequel aucun des deux époux ne remet en question le poids de la tradition. Mathilde aime ses enfants, car c’est l’enfant qui la fait et lui donne « une place dans l’immensité de l’inconnu ». La peau de ses enfants est « la continuation de la sienne », mère et enfant fusionnant ensemble. Elle semble être de ces femmes qui s’épanouissent dans la maternité.
Je mettrai ce livre en regard avec celui d’Elizabeth Badinter, « Le conflit. La femme et la mère », dans lequel elle dénonce le retour à un certain conservatisme qui réduit les femmes au statut de mère en les confinant à leur fonction de reproductrice, la maternité étant considérée comme l’expérience cruciale autour de laquelle s’articule l’identité féminine. C’est tout à fait ce que décrit Alice Ferney. La différence sexuelle définit le rôle de chacun dans la société. Il faudra attendre le combat des féministes, l’avènement de la contraception qui permet le contrôle des naissances et de l’émancipation financière des femmes pour changer la donne.









