Nous sommes à la saison des voyages, et je m’envole bientôt vers Vienne…
Stefan Zweig hante nos mémoires, et ses héroïnes sont toujours magnifiquement campées, écrites, décrites : Brûlant secret, Amok, Lettre d’une inconnue et Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ont toujours autant de succès aujourd’hui.
On connait moins les romancières autrichiennes, même si Elfride Jelinek a eu le prix Nobel de littérature en 2004.

Elfriede Jelinek, Munich, 9.2004 (Foto: G. Huengsberg), Licence creative commons.
Selon la presse, elle entretient des relations difficiles avec son pays, qu’elle déteste, ou plutôt les partis nationalistes qu’elle exècre. Elle s’élève contre toutes les formes d’exploitation, sociale, par le genre, le sexisme et les stéréotypes qui contraignent les individus. Ses romans sont proches de l’avant-garde, souvent expérimentaux et parfois très difficiles à lire : distorsion du temps, collage, références multiples, populaires ou savantes. Très influencée par l’expressionisme, le dada, le surréalisme, mais aussi les sciences humaines et le structuralisme, son oeuvre est dense et difficile, d’autant plus quand on lit les traductions qui ne rendent pas toujours très fidèlement ses recherches sur la musicalité de la langue. Sa personnalité flamboyante, passionnée, à fleur de peau, en fait une personnalité exceptionnelle et controversée.
Parmi une oeuvre conséquente, citons: La pianiste, Méfions-nous de la nature sauvage.

Graffiti de Jef Aérosol au musée Robert Musil de Klagenfurt.
Ingeborg Bachman (1926-1973) est à tous les égards une grande femme des lettres autrichiennes, et elle tient également une place de choix dans mon panthéon littéraire.
Poéte, nouvelliste, romancière, elle cherche à renouveler le langage afin de pourvoir créer un monde nouveau (voir le groupe 47). Après le traumatisme du nazisme, ce groupe veut rénover la langue, « salie » par les nazis. Les femmes de ce groupe, dont Ilse Aichinger, veulent entreprendre un travail de refondation, de rénovation de la langue, dans un travail de réappropriation, les mots étant ceux qu’ont élaborés les hommes pour parler à leur place, pour ignorer leur monde, et leurs désirs.
Ainsi tente-t-elle d’écrire l’Amour, tel que les femmes le ressentent, avec leurs propres mots. Dans ce sens, Malina, se veut le premier roman d’une tétralogie sur la refondation féminine de la langue. Il sera le dernier, car Ingeborg Bachman qui voulait traduire le tragique de l’existence féminine, aura une fin également tragique, puisqu’elle mourra brûlée vive dans sa chambre d’hôtel à Rome, le
Bien sûr, ses recherches auront bien des développements par la suite, et on songe ici aux recherches de Luce Irigaray sur le féminin de la langue.
Elle est elle aussi une personnalité très attachante que je vous invite à découvrir.
Mais il faudrait aussi citer : Ilse Aichinger, Ruth Aspöck, Vicki Baum, Marie Von Ebner- Eschenbach, Jeannie Ebner, Marianne Fritz, Karin Gayer, Anna Gmeyner, Maja Haderlap ( L’Ange de l’oubli ), Enrica Von Handel-Mazzetti, Marlen Haushofer (traduite chez Actes Sud), Lotte Ingrish, Alma Karlin, Gina Kaus, Edith Kneifl (Un matin à Trieste, ed Fleuve noir), Alma Johanna Koenig, Susanna Kubelka (Madame rentre tard ce soir, Belfond, 1996 ), Eva Menasse (La Dernière Princesse de conte de fées, L’Arche Editeur), Caroline Von Pichier, Ursula Poznanski (Publiée aux Presses de la Cité), Elisabeth Reichart, Gabriele von Sazenhofen, Ossip Schubin, Hilde Spiel (exil à Londres, traduite en anglais), Marlene Steeruwitz.
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Marie Von Ebner- Eschenbach Enrica Von Handel-Mazzetti Alma Karlin Gina Kaus
Source photos : Wikipedia, licence creative commons.
Je me rends compte que je n’en connais aucune ! Merci pour ce partage !
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Je me sens souvent une âme d’enquêtrice.
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Merci beaucoup pour cet article.
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Et toi d’être venue ici… Bel été !
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Bel été à toi !
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Merci pour la liste, je n’en connais aucune, à part Jelinek, dont l’oeuvre est difficile d’accès, je trouve…
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C’est le moins qu’on puisse dire, « Méfions-nous de la nature sauvage » m’est littéralement tombé des mains ! D’autres sont quand même plus « faciles » dont par exemple « La pianiste ».
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Je n’ai lu que Les exclus et Lust, qui m’ont demandé pas mal d’efforts… mais je reconnais que cette autrice a vraiment un style personnel et frappant.
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Beau texte. Merci, Ann, pour la ferveur mise à partager ton amour de la littérature. Ferveur qui inspire à la découverte.
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Oui, ferveur est le mot, tu l’as très bien senti, mais tu es liée à l’infiniment grand, et à l’infiniment petit. Tout le monde n’a pas cette capacité d’être autant à l’écoute.
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