Archives pour la catégorie Sexisme et littérature

Capillaria ou le pays des femmes Frigyes Karinthy

capillaria

Vignette Les personnages féminins dans l'ecriture masculineCapillaria ou le pays des femmes de Frigyes Karinthy, Minos Editions de la Différence, traduit du hongrois par Véronique Charaire. Dessins de Stanislao Lepri
Publié en Hongrie en 1926

Capillaria ou le pays des femmes, publié en 1926 est une utopie qui présente un renversement politique des rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes dans un contexte socio-historique où le combat féministe gagne quelques victoires en Europe ( en 1918 les femmes britanniques de plus de trente ans peuvent voter, en 1920, ce sont les américaines blanches).
Ces nouveaux droits acquis bouleversent les mœurs, et certains intellectuels ou écrivains prennent part au débat. Ces changements sont ressentis comme une menace par la plupart, et la crainte d’une société dominée par les femmes qui se vengeraient des siècles d’oppression subis pour réduire les hommes en esclavage s’exprime dans les romans, essais ou les journaux de manière parfois très violente.

Capillaria imagine donc cette situation : un médecin plonge au fond des mers après un naufrage. Il y découvre une société composée de très belles femmes, les Ohias, qui ont réduit en esclavage les bullocks (clin d’œil à bollocks) petits êtres masculins laids et de petite taille qui s’obstinent à construire des tours pour parvenir à la surface de la mer. Les Ohias sont homosexuelles et assurent la reproduction en mangeant la cervelle des bullocks. Le médecin nous rapporte ses observations sur l’organisation sociale des Ohias et par ses échanges avec la reine nous livre les réactions de celle-ci sur les us et coutumes britanniques.

Alors, bien sûr, les clichés ne manquent pas, les Ohias ne réfléchissent guère, vivent uniquement dans le présent, et n’ont pas d’autre idéal que celui de s’occuper d’elles-mêmes. Elles sont belles, évidemment, et leur vie se passe à chercher des plaisirs et des joies raffinés. Elles comprennent le monde à travers les sensations et ne s’embarrassent pas de réflexions ou d’argumentations inutiles. Les bullocks s’occupent de métaphysique, de science et d’histoire et ne cessent de se faire la guerre. Ils sont obnubilés par le progrès.

C’est un avertissement, qui vise à montrer ce que serait une société uniquement composée de femmes et dont les hommes seraient exclus. Il se moquent des féministes qui revendiquent des droits égaux pour les deux sexes. Les femmes ont-elles été si malheureuses que cela ?
« Pendant ces longs siècles d’oppression, les hommes travaillaient pour entretenir les femmes et celles-ci, privées de tous les droits, ne pouvaient que s’occuper d’elles-mêmes. Dans cette situation désespérée, leur seule ressource était de profiter des joies de la vie, sans se fatiguer nullement, et de développer la beauté de leur corps. Les hommes avaient un but, une profession, un travail, les femmes étaient obligées de se contenter d’être aimées, adulées et comblées. »
Il est très difficile de comprendre la position de l’auteur dans ce texte. Il me semble, mais je suis loin d’en être sûre, que l’auteur pense qu’en lieu et place de libérer les femmes, ce sont d’abord les hommes qu’il faudrait libérer, que c’est un changement radical de société qui serait nécessaire afin qu’hommes et femmes puissent être heureux ensemble. Les féministes sont « des hommes avortés » tout au plus. Et les hommes féministes, des hommes de génie qui s’expriment à la place des femmes.
Dans sa postface, il n’est pas plus clair et s’exprime à l’aide de courtes histoires dont on est censé tirer une signification.
Enfin on aboutit à cela :
« L’être humain n’existe pas, il n’y a que des hommes et des femmes. Et plus l’homme est masculin, plus il est humain, plus la femme est féminine, plus elle est humaine. »
Le féminisme n’est pas la voie, ce qu’il faudrait détruire, c’est tout un système qui s’est élaboré sans les femmes.
« Il aurait fallu détruire tout un dictionnaire erroné : on s’est contenté d’élaborer des erreurs nouvelles pour masquer les anciennes. Comme on ne pouvait appliquer à la femme les définitions inventées par l’homme, on l’a exclue du monde de l’intellect, on l’a reléguée dans le monde extérieur, dans le domaine des sens ; on l’a transformée en concept biologique faisant partie de la nature extérieure, en phénomène mystérieux que l’homme doit étudier. »

Finalement on ne sait jamais vraiment où il est… En tout cas, pas féministe, c’est sûr…

Les femmes doivent choisir ! Veulent-elles de l’amour ou du pouvoir ? C’est la question que je pose aux femmes de mon siècle.

« Il faut dénoncer ouvertement la misère sexuelle de l’homme. Au cours de cette révolution, les femmes devront soutenir les hommes, lutter pour leur émancipation, pour la libération sexuelle masculine. Après la révolution du pain quotidien, celui du bonheur quotidien doit suivre. L’amour est un asservissement si l’un des partenaires opprime l’autre. Les femmes doivent choisir ! Veulent-elles de l’amour ou du pouvoir ? C’est la question que je pose aux femmes de mon siècle. »

 

Ecrit, à Budapest, Frigyes Karinthy en postface de son livre « Capillaria ou le pays des femmes ».

 K

Frigyes Karinthy (1887-1938) fut une des grandes figures du Budapest des années 20-30. Il est l’auteur d’un recueil de pastiches féroces, de romans, de pièces de théâtre et de nombreuses nouvelles. En 1936, atteint d’une tumeur au cerveau, il est opéré à Stockholm par le meilleur spécialiste du moment, grâce à une souscription nationale. il raconte sa maladie dans « Voyage autour de mon crâne ». Il meurt deux années plus tard d’une attaque cérébrale.

Une voix s’est éteinte : Ménie Grégoire

 

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 Ménie Grégoire, de son vrai nom Marie Laurentin, est décédée le 16 août à l’âge de 95 ans. Elle fut une célèbre animatrice radio sur RTL, dans une émission intitulée  Allô Ménie et contribua à libérer la parole des femmes de 1967 à 1982. Elle fit d’abord scandale en osant s’attaquer aux tabous pesant sur la sexualité féminine mais permit plus largement aux femmes (mais aux hommes aussi) d’évoquer leur vie intime..

Grâce à l’anonymat de la radio, ses auditeurs confieront  ce qui était vécu dans le silence et la solitude : les relations familiales, les affres de l’amour, la sexualité ( l’impuissance, la frigidité, l’homosexualité), la prostitution, et le féminisme naissant des années 70….

Sa vie fut liée aux mots dits mais aussi écrits.1965 : Le métier de femme, Plon ;1966 : La belle Arsène (roman), Plon ;1968 : Menie Grégoire. Passeport de couple, Club français des bibliophiles ;1971 : Les Cris de la vie, Tchou ;1972 : Menie Grégoire raconte, Hachette ;Persillon Persillette  ;Les Quatre Rois ;Le Petit Chaudronnier (illustrations de Paul Durand) ;Compère le Jo  ;1976 : Telle que je suis, ffont ;1978 : Les Contes de Menie Grégoire, Nathan ;1981 : Des Passions et des rêves, Laffont ;1983 : Tournelune (roman), Flammarion ;1985 : Sagesse et folies des Français, Lattès ;1987 : Nous aurons le temps de vivre, Plon ;1988 : La France et ses immigrés, Carrère ;1990 : La Dame du Puy du Fou (roman), éditions de Fallois ;1991 : Le Petit Roi du Poitou (roman) ;1993 : La Magicienne (roman) ;1996 : Le Bien-Aimé ;1998 : François Furet ;1999 : Les Dames de la Loire, Plon ;2002 : La Fortune de Marie, Plon ;2003 : Une affaire de famille, Plon ;2007 : Comme une lame de fond, Calmann-Levy ;2010 : La marquise aux pieds nus, éditions de Fallois, 2014 : Madame Roland.

 

Les liens du mariage – J Courtney Sullivan, incontournable !

Les liens du mariage

 Les liens du mariage J Courtney Sullivan Rue Fromentin 2013

Quoi de plus paradoxal que de conquérir son indépendance en servant des modèles dominants qui cantonnent les femmes dans des rôles traditionnels ? C’est ce que fait Frances Gerety, jeune pionnière de la publicité dans les années quarante. On lui confie donc les sujets dits « féminins » et on la paie beaucoup moins que ses collègues masculins.

Quels sont les rêves d’une jeune fille des années quarante ? Se marier et avoir des enfants restent la voie toute tracée pour la plupart des femmes. Et pour conquérir une femme et lui faire croire que son amour sera éternel, un jeune homme doit lui offrir la bague symbole de la grandeur et de la pérennité de cet amour. Une bague et un diamant afin de l’éblouir. Plus le diamant est gros, plus le mari est riche, plus le gibier est gros, et fructueuse la chasse au mari. Les femmes n’auront peut-être pas d’indépendance financière mais une magnifique bague au doigt. Un diamant, n’est-ce pas, est éternel. Un magnifique mensonge inventé par une femme qui parce qu’elle gagne plutôt bien sa vie, n’aura pas de mari.

La toute nouvelle société de consommation prend le relais de l’Eglise et de l’Etat pour conditionner et asservir les femmes.

C’est véritablement le tour de force de J. Courtney Sullivan que de montrer l’évolution des mœurs à travers l’histoire d’un objet et les transformations sociales sans précédent des années quarante et cinquante. On suit les évolutions du mariage des années quarante aux années 2012.

C’est un roman sur le mariage qui suit quatre couples différents .L’auteure explique dans son interview que le mariage aux Etats-Unis est une pratique très répandue. Ne pas être marié est toujours choquant.

Les vies de ces quatre couples n’ont pas vraiment de points communs même si quelque chose les relie tous qu’on ne découvrira qu’à la fin. Chacun de ces couples a une vision très différente du mariage, de la plus traditionnelle, à la plus moderne (le mariage gay)en passant par celle qui consiste à refuser absolument le mariage.

L’auteure construit son histoire à partir d’une documentation très fouillée et a recueilli de nombreux témoignages sur lesquels elle s’est basée pour comprendre la vision de chaque personnage.. Elle est même venue à Paris sur les traces de Delphine pour donner de l’épaisseur à sa vie.

C’est donc un roman réaliste qui veut rendre compte des interactions sociales. C’est là un des défauts du roman parfois un peu trop documentaire même si cela lui donne incontestablement une certaine originalité. J Courtney Sullivan invente un nouveau réalisme, proche parfois d’un hyper réalisme.

J’ai beaucoup aimé ce roman, sa construction un peu éclatée : chaque moment du récit alterne la vision des quatre personnages, comme un point de vue différent sur les moments clefs de l’existence d’un couple. Je me suis vraiment attachée à chacun et j’ai trouvé dans l’ensemble le ton juste.

Troisième roman que je lis de l’auteure, je suis devenue une inconditionnelle.

La littérature est un mode majeur de transmission des valeurs…

Dans sa préface à ce recueil de textes édités sous le titre « Femmes de l’être », Serge Guérin, président du MOTif écrit :

« L’histoire de la littérature et de l’écrit ne relève pas seulement de l’art : c’est aussi un mode majeur de transmission des valeurs, donc un enjeu de pouvoir. D’ailleurs longtemps l’écrit fut réservé aux hommes. Du moins à certains. Aujourd’hui encore, la visibilité des écrivaines reste minoritaire et leur reconnaissance minorée. L’écriture est-elle vaine ? L’écrit est-il vain ? Non. le féminisme lui doit beaucoup. »

Le MOTif est l’observatoire du livre et de l’écrit, organisme associé de la Région Ile-de-France. (www.lemotif.fr)

 

www.lemotif.fr

Ferdaous, une voix en enfer – Nawal El Saadawi / Témoignage et littérature

Ferdaous une voix en enfer

Nawal El Saadawi, Ferdaous une voix en enfer, des femmes /Antoinette Fouque, 2007

Nawal El Saadawi est médecin en Egypte. Elle est née en 1931 près du Caire. Elle est connue dans le monde entier pour son engagement dans la lutte pour les droits et les libertés des femmes arabes. En 1972, elle est révoquée de son poste au ministère pour avoir publié Les femmes et le sexe, qui traite de sexualité, de religion et du traumatisme de l’excision– autant de sujets tabous dans le pays. Sa mère, musulmane traditionaliste, insiste pour que sa fille soit excisée à l’âge de six ans. Health est interdit et les livres de Nawal El Saadawi sont censurés. Elle est emprisonnée en 1981 pour s’être opposée à la loi du parti unique sous Anouar el-Sadate Elle a publié en janvier 2007 une pièce de théâtre en arabe intitulée Dieu démissionne à la réunion au sommet. Jugé blasphématoire par l’université islamique du Caire, ce livre a été retiré de la vente avant même l’ouverture du procès qui lui est intenté.

Après son roman La Chute de l’imam, en 1987, publié au Caire, elle a commencé à recevoir des menaces de la part de groupes fondamentalistes. En 1993, elle est jugée pour hérésie et condamnée à mort. ( source wikipédia)

En 1982, elle a reçu en France le prix de l’amitié franco-arabe pour la première édition de ce livre aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque.

Elle a écrit une quarantaine de livres essais et fictions confondus. (Toutes ces informations ont été vérifiées et recoupées avec le site de l’auteur en anglais).

Site de l’auteur en anglais

Ferdaous une voix en enfer évoque la rencontre entre une doctoresse psychologue et une prisonnière « Ferdaous » accusée d’avoir tué un homme et condamnée à être pendue le lendemain. Ce livre est le récit de la confession de Ferdaous, et l’explication de son geste qui s’enracine bien au-delà d’elle, dans les coutumes, les interdits et la violence faite aux femmes dans son pays. Elle raconte son enfance en Haute-Egypte, dans une famille écrasée par la misère, où le père bat sa femme, mange le premier quand ses enfants ont faim et règne en despote. Il raconte l’excision aussi, ce bout ce chair et de plaisir qui s’envolent à jamais, plaisir qu’elle avait découvert dans des jeux d’enfant, et dont elle se souviendra toute sa courte vie comme d’un paradis perdu : « J’ai eu l’impression que ce plaisir existait extérieur à mon être, comme s’il avait surgi avec moi mais que, tandis que je grandissais, lui ne grandissait pas. ». Les hommes instruits ne sont guère plus cléments ; l’oncle abuse sexuellement de sa nièce et refuse de l’envoyer à l’université car il y a des hommes. Le premier homme qui l’écoute et lui apporte de l’aide n’est qu’un proxénète. Il n’y a pas d’issue. Il n’y a pas d’amour. Chacun est pris , les femmes comprises, dans les rets d’une tradition séculaire, prisonniers de structures mentales extrêmement rigides, et de lois qui contraignent les femmes. Ce sont les mères qui excisent leur fille, afin qu’elles restent pures pour leur mari et n’aient pas la tentation de le tromper. Nawal El Saadawi évoque cette politesse « dépourvue de respect que les hommes témoignent aux femmes », mais aussi rapporte des paroles qui sont bien celles d’une femme : « […] tout homme qui connaît la religion parfaitement frappe sa femme, parce qu’il sait cette vérité : la religion lui permet de corriger sa femme, et la femme vertueuse ne doit pas se plaindre de son mari, il lui est seulement demandé une soumission complète ».

Aussi n’y a-t-il pas une stricte opposition homme/femme mais des bourreaux et leurs complices. Peut-être parce que les femmes ont peu de droits et qu’elles manquent cruellement d’autonomie cherchent-elles à s’allier les bonnes grâces de l’homme dominant afin d’acquérir une part de sa puissance ? Parce que c’est la seule issue ?

Alors dans ces conditions la prostitution est-elle la seule liberté offerte aux femmes car « Les femmes les moins trahies sont les prostituées, et c’est par le mariage, par l’amour que la femme se voit infliger les châtiments les plus lourds ». La prostituée offre une prestation sexuelle contre de l’argent, mais il n’y a ni promesse ni mensonge. Un petit bémol cependant, car une prostituée dépend d’un proxénète, et donc encore d’un homme. C’est un cercle infernal, et la mort est la seule issue, mort physique, mort psychique ou alors combat de chaque instant pour celles qui comme Nawal El Saadawi ont eu la chance malgré tout de faire des études.

Un livre à la façon d’un témoignage passionnant.

8 mars : Manifeste pour Les Hommes qui aiment les femmes de Laure Adler

Manifeste pour les hommes qui aiment les femmes

Pour célébrer ce 8 mars, je souhaitais mettre en lumière par le biais du livre de Laure Adler,  tous ces penseurs, philosophes, écrivains, avocats, hommes politiques, médecins, couturiers, photographes, peintres qui aiment et respectent les femmes et ont contribué aux mouvements d’émancipation. Ils ont œuvré pour l’émancipation des femmes aux côtés de leurs amies, de leurs soeurs et de leurs compagnes.

Ce n’est pas un combat antagoniste d’un sexe contre un autre :

« Arrêtons de parler de normalité pour nous situer en termes d’humanité et de vivre ensemble dans un monde où – le jour viendra – la domination masculine cèdera. Voilà pourquoi, plus que jamais, nous devons continuer à lutter ensemble, féminin et masculin mêlés. Nous l’avons vu, les hommes ont joué un rôle dans le mouvement féministe. Qu’ils continuent de se battre à nos côtés. Continuons à agir dans la vie de la cité pour défendre et réclamer des droits qui ne sont pas donnés, soit pas respectés ».

Le livre de Laure Adler est passionnant, fourmillant d’exemples et d’anecdotes, soutenues par une solide argumentation théorique et en même temps très agréable à lire.

Arlington Park – Les charmes de la vie domestique…

Arlington-park

A l’occasion de la sortie du film « La vie domestique » inspiré du roman de Rachel Cusk, j’ai ressorti de mes cartons cet article publié sur Litterama.fr il y a quelques années de cela.

Rachel Cusk s’est imposée sur la scène littéraire internationale avec  ce premier roman traduit en Français, « Arlington Park » comme la digne héritière de Virginia Woolf, ce qu’ elle assume pleinement, reconnaissant qu’elle  est une de ses  auteurs fétiches .

Les personnages de son livre sont des personnages essentiellement féminins et blancs de la classe moyenne anglaise. Certaines de ces femmes travaillent mais assument également l’essentiel des tâches domestiques. Les maris sont beaucoup plus impliqués dans leur vie professionnelle, ont un plan de carrière et rentrent tard le soir.

Même si ces femmes ont fait des études -parfois brillantes- le mariage, et la maternité entraînent pour elles une sorte de subtil déclassement. Leur métier, choisi la plupart du temps, pour concilier vie professionnelle et  vie de famille, ne peut les valoriser socialement. On assiste à une subtile dépossession de soi  chez ces femmes qui pour ne pas être tout à fait des femmes au foyer, n’en étouffent pas moins dans  un quotidien étriqué et morne qui  n’est transcendé par aucune passion, aucun but et aucun dépassement de soi. Ces femmes ont sacrifié l’idéal de leur jeunesse, trahi leurs aspirations profondes sur l’autel d’une vie bourgeoise.

Ce basculement se produit au moment de la maternité. Les rôles se répartissent à nouveau selon les codes de la société patriarcale. Elles aiment sincèrement leurs enfants mais la maternité devient un terrible enfermement pour ces femmes intelligentes et éduquées, les femmes enceintes semblent « pleine d’air », alors que les  hommes paraissent « se durcir en une masculinité mince et verticale. »

Les actions des personnages se déroulent sur une seule journée, ce qui conduit l’auteure à un souci extrême  du détail et aussi des mouvements intérieurs des personnages. C’est aussi pour cette raison qu’on la compare à Virginia Woolf.

Elle avoue avoir emprunté la construction du récit à Mrs Dalloway, dans une interview  accordée à un journaliste d’Evène :

“Je voulais être capable d’utiliser cette structure, qui requiert une bonne dose de connaissance émotionnelle des femmes, tout en laissant aux personnages leur subjectivité. C’est dans cette relation aux personnages que je voulais me placer.”

Toutefois, nulle empathie pour ces femmes, sinon parfois de l’agacement car on se  dit  qu’elles l’ont bien cherché ou qu’ici, dans ce monde occidental,post-féministe,  elles auraient  pu faire  autrement.

Grossière erreur, répondrait certainement Rachel Cusk, qui s’étonne de la quasi indifférence à l’égard du féminisme, qui selon elle est le seul combat qui vaille aujourd’hui. Les destinées individuelles  sont vaines si elles ne sont pas relayées par un combat collectif.

« En fait […], chacun avait ses peurs, non ? C’était ça qui rendait les gens si intéressants. Tout le monde avait des choses particulières qui les touchaient, qui les faisaient voir rouge. »

J’ai trouvé ce livre véritablement passionnant, l’écriture parfois très belle, le style  personnel  et fluide. Et l’auteure analyse bien le post-féminisme, la période de régression sociale pour  beaucoup de jeunes femmes lorsqu’elles se mettent en couple et deviennent mères.

“ Elle se demanda si les livres qu’elle aimait la consolaient précisément parce qu’ils étaient les manifestations de son propre isolement. Ils étaient pareils à de petites lumières sur une étendue déserte, une lande : de loin ils semblaient serrés les uns contre les autres, innombrables, mais de près on voyait que des kilomètres et des  kilomètres d’obscurité les séparaient. »

Fugitives d’Alice Munro – Prix Nobel de littérature

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j'aime un peu, bc, passiontj'aime un peu, bc, passiontj'aime un peu, bc, passiont

Fugitives  de Alice Munro            Nouvelles           Editions de l’olivier 2008

Runaway 2004 traduit de l’anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

Toutes les femmes de ce récit se retrouvent confrontées à une image d’elles-mêmes avec laquelle elles sont profondément en conflit.

Face à une société qui ne leur laisse pas le choix, face à des compagnons qui reproduisent les modèles hérités de leur père et se remettent peu en question, elles choisissent la fuite.

Parce qu’il y a peu de place pour leurs aspirations et leurs désirs, elles préfèrent escamoter les problèmes afin de pouvoir survivre. Même si au fond, elles ne font que déplacer la cause de leur souffrance.

Ce recueil contient des nouvelles qui ont pour cadre les années 60. Les femmes commencent à prendre une nouvelle place dans la société, mais les traditions sont encore très vivaces, ainsi dans une des nouvelles, dit-on d’une étudiante brillante qu’il est dommage qu’elle soit une fille, car si elle se marie, tout son labeur et celui de ses professeurs seront réduits à néant, et dans le cas contraire, si elle ne se marie pas, elle deviendra probablement triste et solitaire, perdant ses chances d’avancement au profit des hommes.

Assumer ses choix de vie est aussi plus facile pour un homme : « Les choix bizarres étaient tout simplement plus faciles pour les hommes dont la plupart trouveraient des femmes heureuses de les épouser,  tel n’était pas le cas en sens inverse. »

Alice Munro parle aussi avec beaucoup de justesse de cette rage qu’éprouve cette héroïne face à l’opinion commune qui veut que les femmes soient « belles, adorables, gâtées, égoïstes, avec un pois chiche à la place du cerveau. » C’est ainsi qu’une fille doit être pour qu’un homme en soit amoureux. Ensuite, elle céderait son égoïsme pour l’affection inconditionnelle qu’une mère doit à ses enfants.

Bien sûr les représentations sur le rôle des femmes et leur prétendue « nature » a beaucoup évolué en Occident et au Canada certainement.

Alice Munro évoque avec beaucoup de finesse  également, les occasions perdues, les dialogues impossibles, et la façon dont les émotions, les sentiments peuvent produire des changements dans l’air, dans la luminosité, dans le contour des objets, dans le monde autour de soi.

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles à la mélancolie souvent poignante. Les femmes y sont incapables d’aller au bout de leurs désirs, de leur révolte, parce que cela leur demande beaucoup trop d’énergie ou parce qu’elles ne peuvent supporter la rupture avec leur milieu social et la solitude que cela implique.

Alice Munro est née au Canada en 1931. Lauréate de nombreux prix littéraires, admirée par Joyce Carol Oates et de nombreux autres écrivains, elle est considérée comme l’un des plus grands écrivains anglo-saxons  de notre époque.

Article publié le 15 août 2011 sur Litterama.fr, mon ancien blog

Confessions d’un gang de filles – Joyce carol Oates

confessions d'un gang de filles

Confessions d’un gang de filles – Joyce Carol Oates,
janvier 2013, Stock format numérique.

coup-de-coeur Dans les années cinquante,
dans une petite ville de l’Etat de New-York, cinq lycéennes, victimes de
la violence des hommes, s’associent et fondent un gang de filles, le
premier des Etats-Unis, destiné à les protéger et à leur donner la chaleur
d’un foyer
que la plupart d’entre elles ne connaissent pas. Leurs
motivations sont complexes et parfois troubles : haine des hommes,
désir de vengeance, besoin d’une amitié
si forte qu’elle puisse pallier une
famille défaillante, voire inexistante ? Jusqu’où iront-elles, ces jeunes
filles ivres de ce pouvoir tout nouveau pour elles ? Comment feront-elles
pour ne pas trahir les valeurs qui sont à l’origine de leur révolte ?
Peut-on enfreindre la loi et rester juste ? La fin justifie-t-elle les
moyens ? Récit d’apprentissage, passage de l’enfance à l’adolescence,
description minutieuse de la violence et de la sauvagerie de l’adolescence, le
roman de Joyce Carol Oates est sombre et lumineux à la fois.

Ce sont d’abord Maddy et Legs qui scellent le pacte, le soir où Margaret Ann Sadovsky, surnommée Legs frappe au carreau de la fenêtre de la chambre de son amie et demande à celle-ci de la cacher.

Car le premier mouvement est généreux, « créer une vraie communauté de sœurs de sang , avec des liens forgés dans la loyauté, la fidélité, la confiance, l’amour », et se protéger les unes, les autres. Voilà comment naît Foxfire et Legs en est le leader charismatique, forte et énergique , elle est le cœur de ce mouvement,
Maddy, quant à elle, est celle dotée du pouvoir des mots, échappant en partie à la violence : elle raconte la fulgurante ascension de ce mouvement et sa chute  annoncée. Elle écrit pour expliquer ce qui s’est passé.

« Nous sommes animées d’une vraie solidarité féminine. Nous ne singeons pas ces garçons contre lesquels Legs nous a mises en garde » explique Maddy. Bien différente des bandes de garçon existantes, qui n’ont pour objectif que la criminalité, ce gang de filles est la seule réponse possible à la violence qui s’exerce contre les femmes, à une époque où ces jeunes filles ne possèdent pas le langage pour en parler, et où les mouvements féministes n’ont pas encore ’ampleur qu’ils connaîtront après.

 J’aime beaucoup cette auteure et après le coup de cœur pour les « Chutes » que j’avais trouvé absolument sublime et étrange, « Confessions d’un gang de filles » est un livre qui m’a transportée dans l’univers de ces toutes jeunes adolescentes malmenées par la vie et déjà, malheureusement, par les hommes. Sortes de guerilleras intransigeantes, et sulfureuses, puissantes et vénéneuses, elles vivent sous la plume de Joyce Carol Oates avec autant de panache que de désespoir. J’ai été saisie par la force des personnages, par la puissance des évocations de cet écrivain qui ,dans son journal avoue parfois ne pas comprendre la violence qui les habite, elle qui se sent si sereine et si
calme.
challenge George

Adieu le cirque – Cheon Un-Yeong / Quand les fleurs de pêcher s’envolent comme des papillons…

Mise en page 1

coup-de-coeur

Adieu le cirque Cheon Un-yeong, traduit du coréen par Seon Yeong-a et Carine Devillon, Serge Safran  2013

 

Inho, jeune coréen qu’un accident a privé de sa voix, cherche une femme pour échapper à sa solitude. Une curieuse agence matrimoniale le met en relation avec la troublante Haehwa, jeune chinoise qui veut oublier un amour perdu. Sont-elles plus douces, plus patientes, plus dociles ces jeunes femmes que l’on va chercher si loin ?

Et ces jeunes coréens sont-ils plus prospères, plus à même de subvenir aux besoins d’un foyer ?

Tout semble s’annoncer sous les meilleurs auspices : la jeune femme semble s’épanouir et établit avec sa belle-mère des liens faits de confiance et de tendresse, le jeune homme est attentionné et disponible. On entend bien de fâcheuses histoires sur ces unions arrangées mais cela semble ne pas concerner nos deux tourtereaux !

Mais Yunho, le frère de Inho, est troublé lui aussi par la douce Haewa.

Le feu couve sous la cendre, un geste qui semblait tendre recèle sa part de violence, même la misère qu’on croyait vaincue se révèle plus têtue qu’on ne croyait, et finalement sous une parole douce gronde une imperceptible colère. Le drame, terrible, se tisse de fils de soie. …

« Peut-être la vie n’est-elle qu’un spectacle de cirque, au dur et doux parfum de nostalgie… »

Dans le roman alternent les voix de Haewa et Yunho, qui s’appellent, se cherchent, sans jamais vraiment se répondre. Ce roman est d’une poignante beauté et d’une terrible mélancolie. Il m’ a fallu quelques semaines pour me défaire de cette émotion qu’il a suscitée en moi. La violence entre les êtres est d’une certaine façon la conséquence d’une violence plus souterraine et profonde, une violence sociale et politique. Les personnages sont pris dans des rets dont ils ne peuvent se défaire. La langue est belle, et l’on peut saluer la co-traduction de Seon Yeon-a et Carine Devillon. On se laisser bercer par la beauté de ces images. Une syntaxe parfaitement maîtrisée et de très belles métaphores filées de mains d’écrivaine douée, très douée…

La nature a la beauté des estampes japonaises sous le pinceau-crayon de Cheon Un-Yeong. « Au moindre coup de vent, les fleurs épanouies des pêchers déployaient leurs ailes comme des papillons frappés d’étonnement. »

Un vrai coup de cœur pour moi.

Aux éditions Serge Safran, il y une fée nommée Clarisse, que je remercie. Si vous ne me croyez pas …

La fréquentation des à-pics de Catherine Charrier / Peut-on apprivoiser le vertige ?

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La fréquentation des à-pics, Catherine Charrier, mai 2013, éditions Kero

Comment se décident les grands changements de notre existence ? A partir de quel moment le chemin qui se fait en nous inconsciemment trouve-t-il son aboutissement ?

Catherine Charrier raconte avec beaucoup de justesse ce mouvement de bascule par lequel nous orientons plus ou moins consciemment nos existences. Elle décrit avec beaucoup de finesse ces états de conscience, d’une extrême acuité, par lesquels tout changement s’opère en nous.

Un jour, soudain, nous savons que plus rien ne sera comme avant.

Elle explore ces moments de vertige, ces à-pics que toute femme est amenée à connaître dans son existence, à travers des nouvelles de longueurs assez inégales mais qui forment un ensemble plutôt cohérent : la découverte d’un secret familial, la compréhension d’un lien dont on se sent exclu, l’expérience de la mort d’un proche, sont des expériences universelles qui sont cruciales dans la vie d’un individu.

                Notre conscience subit alors une sorte de dilatation qui nous permet d’appréhender une réalité qui nous est étrangère et dont l’expérience ouvre les champs inexplorés de notre sensibilité en la modifiant radicalement. Nous ne pourrons plus faire comme si nous ne l’avions pas vécue.

L’auteure conduit ces récits d’une langue sèche et précise, au détriment parfois de l’émotion car se tenant dans une distance qui a le défaut d’une certaine neutralité. Dans certaines de ses nouvelles, elle a sur ses personnages le regard d’un entomologiste.

                Toutefois, un véritable projet d’écriture est à l’œuvre au sein de ces récits : livrer des expériences significatives de la vie des femmes, prises entre des schémas traditionnels qui les conditionnent malgré elles et un désir profond de s’en affranchir. La quête infinie de la liberté…

Une auteure à suivre …

Je remercie les éditions Kero pour l’envoi de ce livre

Et presque en même temps que Clara : Moi, Clara et les mots

Les femmes comme moi de Maram al-Masri

 les ames aux pieds nus maram al masri

Les femmes comme moi de Maram al-Masri

Les femmes comme moi

ignorent la parole

le mot leur reste en travers de la gorge

comme une arête

qu’elles préfèrent avaler.

Les femmes comme moi

ne savent que pleurer

à larmes rétives

Qui soudain

percent et s’écoulent

comme une veine coupée

Les femmes comme moi

endurent des coups

et n’osent pas les rendre

Elles tremblent de colère

réprimée

Lionnes en cage

Les femmes comme moi

rêvent …

de liberté…

« Les Âmes aux pieds nus » aux éditions « le temps des cerises » 2011

Poétisons comme chaque dimanche avec Martine qui présente la poétesse

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« Maram al Masri fait le portrait de femmes victimes de violences, en France et dans le monde. Chaque texte est inspiré par une histoire vraie, une femme réelle et rencontrée. Ces poèmes – d’une écriture directe et simple – sont d’une grande émotion. Ils disent avec beaucoup de tendresse, la douleur mais aussi la dignité, la volonté de résister et de vivre libre, la joie et l’humour aussi, parfois, ainsi que le rire et la fantaisie. »éditeur le Temps des cerises ».

Ce livre a reçu le prix des découvreurs 2010-2011 et le prix PoésYvelines 2011

Cette très belle critique :  « Une voix, nue, humaine, libre et souveraine, s’est levée : une voix de femme. […] Le vers est bref, clair, sobre, pour dire l’émotion contenue, la langue est celle d’un quotidien économe de mots, et c’est justement, de cette économie et de cette pudeur retenue que naissent la justesse des images et la puissance du poème. Ces intimes blessures béantes, Maram al-Masri les recouvre avec délicatesse d’un voile de tendresse et les soigne d’une caresse d’amour, car, même dans le manque et la douleur, c’est bien l’amour que dit la poète. […] Sapho, oui, plutôt qu’Ishtar ou Shéhérazade, auxquelles elle se réfère pourtant, ou plus exactement une Louise Labé de la modernité, renouant avec le lyrisme incandescent de la poète de l’Antiquité et, comme elles deux, nous rappelant que la poésie est féminine. »
Alain-Jacques LACOT, De Blessures en caresses, Le Magazine littéraire, juillet-août 2011  Lire tout l’article

L’observatoire des inégalités : sexisme et littérature

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Selon ce site, en 2011,  sur 648 prix littéraires décernés depuis le début du 20e siècle, 104 l’ont été à des écrivaines, soit 16 % de lauréates.
Ils relèvent également que les jurys sont la plupart du temps masculins si l’on excepte le Femina.

« L’Académie française,  n’a compté que 7 femmes sur 721 membres depuis sa création (1 %) ; l’Académie Goncourt, 5 femmes membres pour 55 hommes (9 %). »

Toutefois la situation semble évoluer favorablement…

 

Voir leur site

8 mars : La moitié du ciel / Les femmes vont changer le monde de Nicolas Kristof et Sheryl Wudunn

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Le livre de ces deux journalistes américains raconte encore une fois la vie de millions de femmes dans les pays pauvres ou en voie de développement, mais aussi dans des pays riches mais extrêmement conservateurs, où elles sont victimes de l’esclavage sexuel, les crimes d’honneur, les mutilations et les viols. C’est tout un système basé sur le mépris des femmes, généralement patriarcal, mais dans lesquels la violence est perpétrée par les hommes autant que les femmes. Les tenancières de bordels sont bien des femmes, les infanticides sont causés la plupart du temps également par des femmes.

La violence culmine dans la haine de soi. Elle est normalisée et acceptée par la société. Les femmes réduites au silence, passives, souffrent et meurent jusqu’à ce que ce cercle infernal soit brisé par par l’une d’entre elle qui s’élève contre l’injustice, brave le système autoritaire qui les enferme, au péril de leurs vies.

L’intérêt de ce livre est de livrer des portraits de ces héroïnes du quotidien et de présenter les bases empiriques à partir desquelles la situation peut être changée. Car les solutions doivent toutes intégrer les coutumes de ces sociétés la plupart du temps traditionnelles où le changement ne peut être imposé brutalement de l’extérieur.

Le constat est terrible : Ces cinquantes dernières années, plus de femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes que d’hommes ne l’ont été sur des champs de bataille du XXe siècle, deux millions de petites filles meurent de faim chaque année parce que leurs parents ont préféré nourrir et soigner leurs frères et on pourrait continuer ainsi la liste des injustices dont souffrent les femmes dans le monde.

Pour que cette journée internationale des droits des femmes ne reste pas lettre morte le reste de l’année, j’ai décidé que Litterama présenterait de manière plus régulière des femmes de ces pays pour lesquelles la littérature est une arme de combat, une occasion de dénoncer et de raconter ce que les femmes vivent. Elles ont du souvent s’exiler mais s’inspirent pour leurs romans d’une réalité connue ou vécue. Je voulais trouver cinquante-six écrivains mais il m’en manque quelques-uns. Je les complèterai au fur et à mesure. Peut-être pourrez-vous m’aider.

Voici cette liste non-exhaustive :

Asie

Chékéba Hachemi, Spôjmaï Zariâb (Afghanistan),  Raja Alem (Arabie saoudite)Tahmina Anam, Taslima Nasreen pour le Bangladesh,  Mira Kamdar (8)pour la Birmanie, Kunzang Choden(Bouthan), Xinxin Zhang), Guo Xialu, Xinran (Chine),), Pak Wanso, Eun Hee-kyung,Hwang Sok-yong, JO, Kyun-Ran (Corée du sud), l’Inde avec Chitra Banerjee DivakaruniMahasweta DEVI, Selina Sen ,Anjana Appachana, Shobhaa De,  Sorour Kasmaï, Chahdortt Djavann, Shashi Deshpande, Zoyâ Pirzâd (Iran) puis Alia Mamdouh  (Irak), Hoda Baraka  ,  Joumana Haddadt, (Liban),  Li Ang (Taïwan), , Duong Thu Huong, Minh Tran Huy (Vietnam)

Afrique 

Bostwana   Unity Dow, Calixthe Beyala (Française d’origine (Camerounaise), May Telmissany, Latifa al-Zayyat (13) (Egypte),Maaza Mengiste pour l’ Ethiopie (3), Amma Darko pour le Ghana, Charlotte-Arrisoa Rafenomanjato (Madagascar), Aroussia Nalouti (17), Rajae Benchemsi   (Maroc), Paulina Chiziane (Mozambique),  Chimamanda Adichie, Sefi Atta pour le (Nigeria), Scholastique Mukasonga (Rwanda), Mariama Bâ (Sénéga),  Lucy Mushita (Zimbabwe)

  Amérique 

Yanick Lahens (Haïti),

Mayra Montero (Porto Rico)

Océanie 

Pour les Iles Samoa, Sia FigieIle

Ile Maurice, Ananda devi

Le plafond de verre en Bande-dessinée

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Après avoir fait mon comptage sur le site Angoulème BD, et cela m’a pris pas mal de temps, un ami (mes amis sont d’ardents défenseurs de la gente féminine) m’a parlé d’un incident lors de la cérémonie d’ouverture. Je reprends ici le communiqué publié sur internet :

vignette Les femmes et la B.D« Le Collectif d’action féministe La Barbe s’est invité à la cérémonie d’ouverture du 40ème festival international de la Bande-dessinée. 6 activistes ont fait irruption lors des festivités pour féliciter les organisateurs du festival pour leur virile régularité. Depuis la création du festival, le Grand Prix du festival a couronné 43 hommes sur 45 auteurs, le jury a été présidé 39 fois sur 40 par un homme et le Fauve d’or a été attribué à des hommes dans 88% des cas.

Avec son ironie habituelle, la Barbe s’est félicité d’une sélection qui cette année encore n’échappe pas à la règle.  Gérard, Patrick, Ludo­vic, Franck, Benoît, Jean-Luc et Jean-Claude, Stéphane, Bertrand, Olivier, Jean-Pierre et Frédéric.  Le Calife à la place du Calife, sera un autre Calife. »

J’ai donc décidé de proposer sur ce blog désormais des BD féminines, tous les mois, afin de leur donner un peu plus de visibilité. Chacun, partout, peut aider à briser le plafond de verre.

C’est pourquoi une association essaie de mettre en lumière par le prix Artemisia une bande dessinée écrite par une femme :
La lauréate du prix Artemisia 2013 est Jeanne Puchol pour son album Charonne-Bou Kadir aux éditions Tirésias.

Association Artémisia

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Un prix sur les huit décernés e à Angoulême, le prix du public Cultura :

Fauve d’Angoulême – Prix du public Cultura :

Tu mourras moins bête… T2 de Marion Montaigne (Ed. Ankama)

Toute la sélection : 40ème festival BD d’Angoulême

chez Hélène (Lecturissime)