Archives pour la catégorie Poétesses

Gérard d’Houville (1875-1963)

Gerard-d-Houville

Marie de Heredia, née à Paris le 20 décembre 1875 et morte à Paris le 6 février 1963, qui signait Gérard d’Houville, est une romancière et une poétesse française, fille de José-María de Heredia.

Elle a fréquenté les poètes et artistes les plus célèbres du temps : Leconte de Lisle, Anna de Noailles, Paul Valéry…  Elle défraya la chronique par une vie sentimentale assez peu conventionnelle: épouse d’Henri de Régnier, elle fut la maîtresse de Pierre Louÿs dont elle eut un fils. Femme libre, elle ne se priva pas d’autres amants, dont le poète Gabriele d’Annunzio.

Son pseudonyme vient de « Girard d’Ouville », un gentilhomme normand de ses ancêtres. Sous ce nom de plume elle reçut en 1918 le 1er prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

Elle va nue la liberté, Maram al-masri

 Maram al-Masri – Elle va nue la liberté – Editions Bruno Doucey

Dans ce recueil, sorte de carnet intime,  Maram al-Masri nous fait entendre la voix blessée d’une femme dont le pays natal souffre terriblement dans la chair des hommes et de des femmes qui luttent pour la liberté. Elle guette chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube et nous les donnent à re-voir à travers des mots écrits tels des instantanés : « saisir un instant par les mots, mettre en lumière un « détail », faire ainsi« arrêt sur image », c’est une façon d’exprimer le mouvement de lavidéo et de le figer sur le papier, de fixer l’instant et de le mettre en perspective. »

La guerre ravive d’autres blessures dont celle de l’exil,tenace et enfouie :

« Mon corps était ici et mon âme là-bas. J’ai éprouvéde la joie, de la douleur aussi. Et même une sensation de culpabilité de ne pasêtre sur place, bien que je vive en France depuis longtemps ».

Un très beau poème dit ce déracinement :

« Nous, les exilés,/Rôdons autour de nos maisons lointaines/Comme les amoureuses rôdent/Autour des prisons,/Espérant apercevoir l’ombre /De leurs amants. »

De toutes les atrocités de la guerre, la mort des enfants est la plus terrible, « Les enfants de Syrie,/emmaillotés dans leurs linceuls/comme des bonbons enveloppés. »

Mariam crée des images saisissantes, « Tout fuit. /Même les arbres », et on sait l’urgence d’échapper à la mort, aux tirs, aux embuscades.  « Sauf la faim. », ajoute-t-elle plus loin, un peuple dans la guerre ne peut même plus choisir entre deux morts. Mourir pour la liberté ? La faim tue comme les balles.

Ces poèmes sont plein du bruit et de la fureur de la guerre, « le bruit de la peur et du froid ».

 Terrible recensement : 15 mars 2013 : 5 000 femmes dans les prisons syriennes :

 « Que faites-vous, mes sœurs,

Maram al-Masri
Maram al-Masri (Photo credit: Wikipedia)

quand vos seins gonflent

et durcissent de douleur ?

 Quand la souffrance

Déchire

Votre ventre

 Que la tristesse vous inonde

 et que le sang

coulant entre vos jambes

noircit, durcit.

 Que faites-vous de l’odeur ?

 Comment faites-vous, mes sœurs,

Quand vos règles arrivent

Dans les prisons froides

Et obscures

Maram al-Masri
Maram al-Masri (Photo credit: Wikipedia)

Dans les prisons où l’on frappe et l’on torture

Dans les prisons où vous êtes

Entassées

Enchaînées ?

Que faites-vous, mes sœurs,

Lorsque la rage coule dans vos yeux ?

J’ai été prise totalement par l’écriture de Maram al-Masri qui m’a accompagnée plusieurs jours, recueillie avec elle, en pensée avec tous les syriens qui luttent face au cynisme froid d’un pouvoir assassin. Quelle est véritablement le pouvoir des mots et de la
poésie se demande-t-elle ? Il est de tenir les consciences éveillées, de
faire en sorte que les hommes partout savent qu’ils ne sont pas seuls.

Peut-être le silence est-il le pire des assassins.

Maram lit ses poèmes un peu partout, Paris cette semaine, Achères jeudi prochain, dans le 78.

Rendez-vous sur le site des éditions Bruno Doucey pour connaître toutes les dates.

Éditions Bruno Doucey

 Ce recueil est le travail également de l’éditrice Murielle Szac.

Je la remercie pour l’envoi de ce livre et lui renouvelle mon admiration pour son travail et celui de Bruno Doucey.

Et comme tous les dimanches, poetisons-Martine.

Martine, , ce dimanche, nous présente une poétesse, Maria Desmée,  née en Roumanie. Elle s’est établie en France en 1985, et se dédie particulièrement à la création plastique et poétique.

Meena Keshwar Kamal – Je ne reviendrai jamais / Poétesse afghane

Meena Keshwar Kamal

Logo of the Revolutionary Association of the W...
(Photo credit: Wikipedia)

Meena Keshwar Kamal, poétesse féministe afghane (née le 27 février 1956 à Kaboul – assassinée le 4 février 1987 à Quetta, Pakistan, par les agents afghans du KGB), a fondé l’association Revolutionary Association of the Women of Afghanistan (RAWA) à Kaboul (Afghanistan) en 1977 : RAWA est une organisation de femmes afghanes luttant pour les droits de l’homme et la justice sociale en Afghanistan et pour donner la parole aux femmes afghanes réduites au silence dans leur pays. (source Wikipédia)

 

Je ne reviendrai jamais

Je suis la femme qui s’est éveillée
Je me suis levée et me suis changée en tempête balayant les cendres de mes enfants brûlés
Je me suis levée des ruisseaux formés par le sang de mon frère
La colère de mon peuple m’a donné la force
Mes villages ruinés et incendiés m’ont remplie de haine pour l’ennemi,
Je suis la femme qui s’est éveillée,
J’ai trouvé mon chemin et je ne reviendrai jamais.
J’ai ouvert des portes closes par l’ignorance
J’ai dit adieu à tous les bracelets d’or
Oh compatriote, je ne suis plus celle que j’étais
Je suis la femme qui s’est éveillée
J’ai trouvé mon chemin et je ne reviendrai jamais.
J’ai vu des enfants sans foyer, errant pieds nus
J’ai vu des promises aux mains tatouées de henné en habit de deuil
J’ai vu les murs géants des prisons avaler la liberté dans leurs estomacs d’ogres
Je suis ressuscitée parmi des gestes épiques de résistance et de courage
J’ai appris le chant de la liberté dans les derniers soupirs, dans les vagues de sang et dans la victoire
Oh compatriote, Oh frère, ne me considère plus comme faible et incapable
Je suis de toute force avec toi, sur le chemin de la libération de mon pays.
Ma voix s’est mêlée à celle de milliers d’autres femmes qui se sont levées
Mes poings se serrent avec les poings de milliers de compatriotes
Avec toi, j’ai pris le chemin de mon pays,
Pour briser toutes ces souffrances et tous ces fers,
Oh compatriote, Oh frère, je ne suis plus celle que j’étais
Je suis la femme qui s’est éveillée
J’ai trouvé mon chemin et je ne reviendrai jamais.

Persan (version originale)

vignette les femmes et la poésieJe voulais associer, pour le dimanche en poésie de Martine, une figure de femme qui réponde à ce que j’avais lu de Eavan Boland, à savoir :

« La poésie d’Eavan Boland est placée sous le sceau du féminisme, soulignant la place nouvelle que cet auteur désire donner à toutes les expériences de femmes qui sans la visibilité conférée par l’écriture, risqueraient de redoubler l’indifférence par l’oubli. » Florence Schneider, Université de Sorbonne Nouvelle Paris III

Et comme tous les dimanches avec Martine

, poetisons-Martine

Anna Akhmatova – L’histoire d’une vie

 Andreïevna Gorenko, dite) –  (1889-1966)

 Jeunesse

English: Ballets Russes, scene from Apollon mu...
English: Ballets Russes, scene from Apollon musagète. (Photo credit: Wikipedia)

Issue d’un milieu aisé, elle passa son enfance à Tsarskoïe Selo, alors lieu de résidence de l’aristocratie, et où elle fit ses études. Elle s’inscrivit à la faculté de droit de Kiev, puis en lettres à l’université de saint-Pétersbourg. En 1903,  elle rencontra le poète Goumiliov, qu’elle épousa en 1910 et dont elle aura un fils Lev.

 Voyage en Europe

Voyageant en Europe avec lui, elle découvrit Paris et rencontra Modigliani, qui fit plusieurs portraits d’elle. Elle assista à Paris au succès des Ballets Russes.

 Oeuvre

Ses premiers poèmes parurent en 1907. En 1911, elle rejoignit la Guilde des poètes. avec Goumiliov et Mandelstam. Égérie des acméistes, surnommée la « reine de la Neva » ou « l’Âme de l’Âge d’Argent », en 1912, elle publia Soir, suivi deux ans plus tard par Le Rosaire (1914), recueil de poésies au lyrisme intense et d’une grande rigueur d’écriture.File:Osip Mandelstam Russian writer.jpg

L’acméisme consistait à retourner à la simplicité et la concision dans la langue.

« Il m’a dit : «Je suis un ami fidèle!»
Et il effleura ma robe.
Combien ressemble peu à une étreinte
Le frôlement de ces mains-là. » Soir extrait

           Ossip Mandelstam

Ses thèmes de prédilection sont « le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et pour écrire dans l’ombre du stalinisme. »[1]

Le succès fut immédiat : Akhmatova devint une des figures incontournables de la poésie russe.

En 1917, elle publia son troisième recueil, Volée blanche. Comprenant mal la Révolution, elle refusa néanmoins d’émigrer et publia Plantain en 1921. Dans ses poèmes, s’expriment à la fois le sentiment tragique de la fin d’un monde mais la confiance dans les possibilités de la nouvelle Russie.

 Ses premières œuvres décrivent habituellement un homme et une femme impliqués dans les moments les plus intenses et les plus ambigus de leurs rapports.[2] Elle fut largement imitée . D’ailleurs l’article de Wikipédia mentionne le fait qu’elle aurait été imitée par Wladimir Nabokov lui-même qui méprisait si fort les écrivains femmes .

             Cette même année, son ex-mari (elle avait divorcé en 1918)), fut fusillé à cause de ses convictions monarchistes. Elle épousa par la suite l’orientaliste V. Chileïko et publia en 1922 Anno Domini MCMXXI qui contribua à assurer sa renommée

.            Elle assista aux malheurs de ses amis tel Mandelstam, et raconta les horreurs du régime stalinien dans Requiem, paru à Munich en 1963.

« Au cours des années terribles du règne de Iéjov, j’ai passé dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Leningrad. Une fois, quelqu’un m’a pour ainsi dire ‘reconnue’. Ce jour-là, une femme qui attendait derrière moi, une femme aux lèvres bleuies qui n’avait bien sûr jamais entendu mon nom, a soudain émergé de cette torpeur dont nous étions tous la proie et m’a demandé à l’oreille (là-bas, tout le monde parlait à voix basse) :

         Et ça, vous pouvez le décrire ?

         Je lui ai répondu :

         -Je peux.

         Alors un semblant de sourire a effleuré ce qui avait été autrefois son visage. »[3]

Lev Goumilev , son fils, deviendra un des plus importants historiens russes, initiateur du « néo-eurasisme ». Il fut déporté en 1934 ainsi que son troisième mari, l’historien d’art N. Pounine avec lequel elle vit jusqu’en 1938.

Pour survivre, Akhmatov fit des traductions, écrivit un essai sur Pouchkine dont certains passages furent publiés.

Réduite au silence par le régime de 1923 à 1940, elle fut autorisée néanmoins à publier une anthologie de ses poèmes, suivie des vers du recueil Roseau.

En 1941, lors du siège de Leningrad, elle soutint cette ville dont elle chanta l’héroïsme : Le serment fut placardé sur les murs de la ville

. Refoulée sur Tachlkent, elle porta secours aux blessés et ne rentra à Leningrad qu’en 1944.

 La disgrâce

En 1946, elle fut expulsée de l’union des écrivains pour « érotisme, mysticisme et indifférence politique ». En 1958, parut la somme de ses poèmes. A peine sortis des presses, ses livres s’arrachèrent en quelques heures. Elle fit publier ses deux chefs-d’œuvre : Le poème sans héros à New York en 1962, et le requiem à Munich en 1963. Ce dernier ne sera publié en Russie qu’en 1980.

 La réhabilitation

 Kroutchev en fut l’initiateur puisqu’il lui permit de revoir son fils Lev.

Robert Frost, Dartmouth 1896.
Robert Frost, Dartmouth 1896. (Photo credit: Wikipedia)

Quand le poète Robert Frost lui rend visite en 1962, elle écrit : « J’ai tout eu : la pauvreté, les voies vers les prisons, la peur, les poèmes seulement retenus par cœur, et les poèmes brûlés. Et l’humiliation, et la peine. Et vous ne savez rien à ce sujet et ne pourriez pas le comprendre si je vous le racontais… ».

En 1964, elle fut élue présidente de l’Union des écrivains. Sa nomination de docteur Honoris Causa de l’Université d’Oxford en 1965 lui permit de sortir d’URSS. A son retour, elle mourut d’une crise cardiaque.[4]


[1] wikipedia

[2] idem

[3] Anna Akhmatova Requiem

[4] source : Dictionnaire des femmes célèbres

Anna Akhmatova – Requiem

Anna Akmatova

Le verdict

Voilà. Le mot, pierre, est tombé

Sur mon sein encore vivant.

Ce n’est rien. Je m’y ferai.

J’étais prête depuis longtemps.

J’ai bien du travail aujourd’hui.

Il me faut tuer ma mémoire,

Il me faut empierrer mon âme,

Il me faut réapprendre à vivre.

Et pourtant…Ce foisonnement brûlant de l’été,

Comme une fête à ma fenêtre.

Depuis longtemps je pressentais

Ce jour si clair, cette maison déserte.

Eté 1939, extrait de Requiem

Anna Akhmatova, l’un des plus grands poètes russes du XXe siècle, a composé ces poèmes pendant la période stalinienne. Son premier mari est fusillé et son fils  arrêté tandis que plusieurs de ses amis sont internés dans les camps. Ces poèmes parlent de l’attente, de la douleur d’une mère, des files de visiteurs devant les prisons.

Sa voix est ample et nue, les mots, simples, et des émotions profondes, celles de tout un peuple, habitent ces quelques vers qu’elle n’avait même pas osé écrire sur du papier.

anna akhmatova  requiem

Et comme tous les dimanches avec Martine

, poetisons-Martine

Edna Saint Vincent Millay – L’histoire d’une vie

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   Edna saint Vincent Millay est une poétesse américaine (Rockland, Maine, 22 février 1892-Austerlitz, New-York,19 octobre 1950)

Elle fut élevée en compagnie de ses deux sœurs par sa mère, Cora, après que cette dernière eut demandé à son mari de quitter la maison en 1899. – Cora exigea que ses filles soient indépendantes et ambitieuses et leur inculqua une solide formation musicale et littéraire.

Son premier grand poème Renaissance est publié alors qu’elle n’a que 19 ans et attire immédiatement l’attention, ce qui lui permet d’intégrer le Vassar College.

Diplômée de Vassar College en 1917, où elle se lia avec la comédienne britannique Wynne Mattison., elle publia son premier volume de poèmes la même année : Remanescence and Other Poems. Son œuvre rencontra le succès grâce à la maîtrise technique, la fraîcheur  de son écriture. Il se confirma avec un nouveau recueil « A few Figs from Thistles (1920), qui l’imposa comme le type de la femme nouvelle et émancipée, à la fois « romantique et cynique » à travers des poèmes comme « The Penitent » et « My candle Burns at both ends »

Son style de vie bohème et non conventionnel et ses nombreuses histoires d’amour renforçait cette image d’une femme libre. Elle utilisait le pseudonyme de Nancy Boyd.

            Elle s’installa à Greenwich Village et s’intégra à un groupe d’auteurs, d’acteurs et d’artistes, originaires de Provincetown, The Provincetown Players et écrivit pour eux «  The Princess Marries the Page (1918, publié en 1932), Aria da capo (1919, publié en 1921) et Two slatterns and a king (1921), fantaisies satiriques en un acte.

De nombreux autres livres de poésies suivirent, dont « The ballad of the Harp Weaver qui lui valut le prix Pullitzer de poésie en 1923.

« En 1927, elle confirme son côté engagé qui s’est déjà manifesté dans des écrits contre la guerre et pour la défense des droits des femmes en militant dans l’affaire Sacco et Vanzetti, et elle publie la veille de leur exécution un poème, Justice Denied in Massachusetts dans le New York Times, du 22 Août. 1927. » source Poezibao

            Elle est aussi l’auteur d’un livret d’opéra, « The King’s Henchmann (1927) et d’une traduction des Fleurs du mal de Baudelaire (1936).

Après sa mort, soixante-six poèmes posthumes ont été publiés sous le titre « Mine the harvest (1954), ainsi que sa Correspondance (1952) et l’ensemble des poèmes « Collected poems » (1956).

            La journaliste et humoriste Dorothy parker a laissé un témoignage de l’impact exercé par Edna Millay sur toute une génération.

« Nous marchions toutes sur les traces de Mrs Millay. Nous étions toutes brillantes et galantes, déclarant que nous n’étions plus vierges même si nous l’étions. Belle comme elle l’était, Mrs Millay a fait beaucoup de mal avec ses chandelles brûlant par les deux bouts… Elle faisait paraître la poésie si facile, que nous pensions toutes pouvoir en faire. Mais nous ne pouvions pas, évidemment. »

Elle avait épousé en 1923 un homme d’affaires, Eugen Boissevain.

« La revue Europe qui publie un dossier sur elle dans son numéro 914-915 de juin-juillet 2005 avec une présentation et des traductions de plusieurs sonnets (Millay est particulièrement réputée pour avoir écrit dans cette forme) ainsi que Déni de justice au Massachusetts par Claude Dandréa. (source : Poezibao) »

Rencontre autour de la poésie féminine

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Jeudi 30 mai de 19H00 à 21H30 aura lieu une rencontre autour de quelques-unes des auteures publiées par cette maison d’édition dont le dynamisme et les valeurs sont une belle nouvelle en cette grisaille d’un printemps qui ne veut pas venir. La poésie permet d’améliorer les conditions atmosphériques sinon extérieures du moins intérieures et le tandem Bruno Doucey/Murielle Szac fonctionne parfaitement pour nous donner des événements littéraires qui ne sont pas si fréquents. Il faut donc les encourager et les soutenir !

«  Faire entendre ces voix de femmes en poésie publiées dans cette magnifique édition Bruno Doucey, c’est ouvrir mon exploration sur les genres et les stéréotypes avec un voyage qui est promesse de joie. En matière de poésie, trois sexes ne suffisent pas. » (Elsa Solal)

La Maison des métallos et les Éditions Bruno Doucey vous convient à découvrir et à entendre quelques-unes des auteures publiées par cette maison d’édition, exclusivement consacrée à la poésie. Une poésie vivante et généreuse, qui renoue joyeusement avec l’oralité, mais aussi une poésie qui lutte et se bat. C’est ainsi que vous entendrez en arabe et en français la poétesse syrienne Maram al-Masri lire notamment son dernier recueil consacré à la révolution en Syrie Elle va nue la liberté, des extraits de Comme si dormir lus par la française Laurence Bouvet et des poèmes lus par la jeune occitane Aurélia Lassaque. Bruno Doucey et Murielle Szac feront entendre les voix de la coréenne Moon Chung-hee, de la française Jeanne Benameur, de la mauricienne Ananda Devi et de poétesses haïtiennes. Les lectures sont accompagnées par le musicien Christophe Rosenberg. »

http://www.maisondesmetallos.org/2013/03/13/voix-de-femmes-en-poesie

Au salon Marina Tsvétaïeva

La_Lecture_InterrompueDu monde des visions nocturnes
Nous – les enfants – sommes rois.
Les ombres longues descendent,
Les lanternes brillent derrière les fenêtres,
Le haut salon s’obscurcit,
Les miroirs aspirent leur tain…
Pas une minute à perdre !
Quelqu’un sort du coin.
Au-dessus du piano noir, tous deux
Nous nous penchons et la peur approche,
Enveloppés dans le châle de maman
Nous pâlissons sans oser un soupir.
Allons voir ce qui se passe
Sous le rideau des ténèbres ennemies.
Leurs visages sont devenus noirs, –
De nouveau nous sommes vainqueurs !
Nous sommes les maillons d’une chaîne magique
Et dans la bataille ne perdons jamais courage.
Le dernier combat est proche,
Et périra le royaume des ténèbres.
Nous méprisons les adultes
Pour leurs journées mornes et simples…
Nous savons, nous savons beaucoup
De ce qu’ils ne savent pas.

1908 – 1910

Amour de Simonne Michel Azais

amour 1

AMOUR

Lors
Tes lèvres d’amour entrouvriront ma vulve
Et boiront mon désir
Comme on boit un vin fou
Ce désir
Qui courait au long de mon Échine
Et faisait se cambrer mes reins
A ton toucher si doux
Lors
Je ne saurai plus si c’est moi que tu aimes
Ou seulement
Ta joie
De me donner l’amour.

Simonne Michel Azais, Poèmes interdits, Paris, La Goelette, 1953

Ces textes sont libres de droits excepté pour tout usage commercial. Printemps des poètes

Albane Gellé – Si je suis de ce monde

Tenir journal de ses jours
combats livrés ou siestes
sable de rivière noter bruis-
sements agitations en dehors
de la maison inventorier les
nuits sans lune tous les
étourdissements debout

Tenir en respect monstres
épines malgré nos tailles
minuscules boiteries panse-
ments chaque coin de rue
les jambes en attendant
debout.

Tenir boutique de nos im-
pacts reçus visage autour
des yeux troupeaux de
bouches couvrant la bouche
trous noirs milliers comme
une mémoire levée debout

Tenir chapelle de nos secrets
nos embarras à tout bout
de champ armoires en bois
et poids massifs à trimbal-
ler courbés debout

[…]

Tenir conseil devant per-
sonne avec poumons cœur
pieds genoux dans une mais-
son aux plafonds hauts
hésitant heures et semaines
pour un gros embarras du
choix faut-il des décisions
debout

Tenir la porte à n’importe
quel homme ou femme
mains nues vitesse de la
lumière et dans la bouche à
peine un mot secrets gardés
volets d’hiver on se sépare
vite et debout

Tenir enfant un héron mort
porté dimanche intermina-
blement et pour des siècles mais
aujourd’hui le déposer des-
sus de nous perché là-haut
ressuscité vivant debout

Albane Gellé, Si je suis de ce monde, Cheyne éditeur, 2012, pp. 11 à 14 et 46 à 48

 
Albane Gellé – Si je suis de ce monde
Cheyne éditeur, 62 pages, 16€
Albane Gellé – Pointe des pieds sur le balcon
Ed. La Porte ; par abonnement,  6 numéros, 18 €

 
Albane

Source photo : Printemps des poètes

 

Albane Gellé est née en 1971 à Guérande (44). Elle vit maintenant à Saumur (49) où elle dirige la structure associative Littérature & Poétiques (lectures-rencontres avec des écrivains et des éditeurs, ateliers de lecture et d’écriture, résidence d’auteur, salon Les Poétiques de Saumur…)

La semaine dernière, AnneFlorence et Marilyne, Martine (organisatrice)

  poetisons-Martineont participé à cette rencontre poétique.
La règle du jeu est ici.

Celle qui mangeait le riz froid – Moon Chung-hee

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«Auteure d’une dizaine de recueils, de pièces de théâtre et d’essais d’inspiration féministe qui ont fait d’elle une des grandes voix de la poésie coréenne, Moon Chung-hee est née en 1947 à Boseong en Corée du Sud., trois ans seulement après la fin de l’occupation du Japon et six avant la division Nord/Sud. Elle fait partie de la première génération à réécrire en coréen. Elle part faire des études très tôt (bien qu’elle soit une fille) et est très rapidement récompensée pour les poèmes qu’elle écrit.
Elle est maintenant.

Reconnue dans son pays elle reçoit de nombreux prix littéraires et participe activement à des manifestations culturelles pour représenter la Corée, où la poésie reste un genre littéraire très vivace. Ses poèmes, traduits et réunis dans une anthologie, sont publiés en 2012 par les Éditions Bruno Doucey sous le titre « Celle qui mangeait le riz froid » » 

3 avril 2013

19 h 00 – 20 h 00 Lectures croisées de Moon Chung-hee et Aurélia Lassaque
Université Paris 1 / PANTHEON-SORBONNE, Paris

4 avril 2013

Soirée « Littérature féminine » en Corée du sud : modernité(s) et changement social, avec Moon Chung-hee, sa traductrice Kim Hyun-jha et Bruno Doucey et avec Benjamin Joinau et Jean-claude de Crescenzo 

18H30-20H00

Auditorium du Pôle des langues et civilisations

65, rue des Grands Moulins

75 013 Paris (Métro Bibliothèque François Mitterand

Ce qui frappe tout d’abord dans la poésie de Moon Chung-hee est la force de transmission entre femmes, entre mère et fille :

« Si ma mère m’a emmenée à la mer quand j’étais enfant

ce n’était pas pour me montrer les eaux bleues très salées

c’était pour me montrer la force des choses

qui frétillaient dans l’estran malgré le danger

Mais dans nos sociétés patriarcales, les femmes sont « rejetées de-ci de-là comme un gland tombé dans le repas du chien », « sans pouvoir prendre part au monde grand et large ».
De ce mépris qu’endure les femmes, elle dit « je ne fais que pleurer comme la cataracte qui frappe la falaise »

« Avec l’eye-liner de chez Estée Lauder

à grand peine je cerne mes yeux d’une clôture noire

La femme du pays assujetti enfin prête pour sortir

Se lève lentement comme l’héroïne d’une tragédie »

« Mais grâce à mes poèmes j’ai réussi à chanter avec courage la vie de la femme, son monde, son rôle. En 1982, j’ai passé deux ans à étudier à l’université de New York et j’ai pu finalement apprécier, pour la première fois, la liberté, la liberté d’une femme. Mais aussi la liberté de trouver des nouvelles lectures qui ne se limitent pas simplement à la poésie et à la littérature, mais qui permettent d’élargir ses horizons. », confie-t-elle au magazine Keulmadang (éditorial n°19 février 2013) 

ce combat n’est pas vain, puisque l’écriture permet de reprendre possession de soi :

Je prendrai tout simplement possession de mon corps

Sous le ciel

Au pays de la poésie

Je suis fleurie

  une analyse ici

  Moon-Chung-Hee-1_web-e1347210187133source : éditions Bruno Doucey, printemps des poètes, magazine Keulmadang

J’ai découvert au salon du Livre les éditions Bernard Doucey pour lesquelles j’ai eu un véritable coup de coeur ! Je vous invite à découvrir leur catalogue qui est d’une grande richesse.

La solitude des femmes de Gérard d’Houville

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La solitude des femmes

As-tu peur ? Te voici seule avec le silence…

Aucun souffle…aucun pas…nulle voix et nul bruit…

Seule comme une fleur que nul vent ne balance,

Seule avec ton parfum et ton rêve et la nuit.

As-tu peur ? Te voici seule avec la ténèbre,

Seule comme une morte au fond de son tombeau;

Tout est pesant et noir, taciturne et funèbre

Malgré l’amour si proche et le bonheur si beau.

As-tu peur ? Te voici toute seule avec l’ombre,

Seule comme une étoile au moment du matin;

Comme un papillon d’or au fond d’un jardin sombre

Se meurt en palpitant pour son soleil lointain…

Te voici toute seule avec ton cœur sauvage

Qui se débat et bat son humaine prison,

Seule avec ce tourment qui rôde et te ravage,

Perpétuel orage autour de ta raison.

Te voici seule, ô belle, ô douce, à jamais seule;

Et malgré ta jeunesse et tes yeux triomphants,

Oui, déjà seule ainsi qu’une très vieille aïeule

Qui aurait vu partir tous ses petits-enfants

Seule, ô force d’amour, ô vivante, ô féconde,

Car rien n’apaisera ta soif de l’éternel,

Car ton plus rauque cri de volupté profonde,

Ce cri désespéré, n’est encore qu’un appel.

L’homme ne comprend pas ton étrange détresse;

L’élan de ta douleur toujours se brise en vain…

Et, femelle en qui souffre une grande déesse,

Tu rêves au réveil qui te sera divin.

Les poésies de Gérard d’Houville, 1931

Autour de moi, solitudes éteintes- Marie-Claire Bancquart

Autour de moi, solitudes éteintes :
romancières anglaises, poète américaine, poète allemande…

O brûlantes, arrachées
à elles-mêmes
par l’ordre ancien !

Mais je pense surtout à celle
de siècle plus lointain
qui écrivit :
Bel ami ainsi est de nous
Ni vous sans moi ni moi sans vous.

Au-delà de la différence
je choisis le grand héritage indivis :
bonheur de rues et de nuages
d’une musique, d’un seul mot peut-être,
parcourant la précarité de toute cette partition
qu’un jour nous cesserons de lire, vous et moi.

Que demeure du moins, peut-être infime, le
« Bel ami ainsi est de nous »,
cette voix d’union parmi la dissonance universelle !

« Marie-Claire Bancquart vit à Paris.
Professeur émérite de littérature française contemporaine à l’Université de Paris-IV (Sorbonne), auteur d’essais et d’articles sur la période 1880-1914 , sur Paris et les écrivains ( quatre tomes, de 1880 à nos jours), et sur la poésie contemporaine.
Prix de poésie Max Jacob, Vigny, Supervielle, et prix d’automne de la Société des gens de Lettres, et prix de poésie 2006 de la ville de Lyon.

Français : La poète Marie-Claire Bancquart lor...
Français : La poète Marie-Claire Bancquart lors d’une rencontre à la librairie Tschann à Paris (Photo credit: Wikipedia)

Membre des jurys des prix Apollinaire, Ivan Goll et Max-Pol Fouchet, et de divers autres prix. Nombreuses lectures et ateliers en France et à l’étranger.
La poésie de Marie-Claire Bancquart a fait l’objet d’un colloque au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle: « Marie-Claire Bancquart: l’invention de vivre », du 3 au 10 septembre 2011. La publication du colloque est prévue en 2012, chez Peter Lang.

Elle est décédée le 19 février 2019.

« Pour l’ensemble de son oeuvre, Marie-Claire Bancquart a reçu en 2012 le prix Robert Ganzo de la fondation de France. ».

Source Printemps des poètes

Moïra sauvage – Les yeux blessés par l’avenir

Gertrude and Ursula Falke Portrett 1906

Les yeux blessés par l’avenir

Ciel étoilé où meurt le jour

Ma vie éclate et se retire

A peine jetée vers la mer

Nuages pâles dont j’ai peur

Ma vie tranquille désespère

Je dois aimer le jeu des heures

Le chemin calme du silence

Cadeau glacé de ce qui meurt

Je ne sais plus ni ce qui brille

Chagrin de nuit désamorcé

Ni ce qui s’avance et murmure

Mon coeur à nu se déshabille

Dans l’indolence de l’été

Face au néant

Face à ce mur

Que jamais

Je n’aurais imaginé

Moïra sauvage Tous droits réservés.

Née à Dublin d’un père irlandais et d’une mère française, Moïra Sauvage est journaliste et écrivain. Elle a effectué de nombreux reportages à l’étranger avant de devenir  journaliste en free-lance pour différents journaux. Parallèlement, elle a pendant six ans été responsable de la commission Femmes d’Amnesty International France, où elle a travaillé en 2006 à la publication du rapport Les Violences envers les femmes en France : une affaire d’Etat. Elle est également l’auteur de deux essais : Les Aventures de ce fabuleux vagin (Calmann-Lévy, 2008) et Guerrières ! A la rencontre du sexe fort (Actes Sud, 2012).(Présentation Actes Sud)

Le bonheur d’être belle – Delphine Gay

Delphine Gay

Quel bonheur d’être belle, alors qu’on est aimée !

Autrefois de mes yeux, je n’étais pas charmée;

Je les croyais sans feu, sans douceur, sans regard;

Je me trouvais jolie un moment, par hasard.

Maintenant, ma beauté me paraît admirable.

Je m’aime de lui plaire, et je me crois aimable…

Il le dit si souvent ! Je l’aime, et quand je vois

Ses yeux avec plaisir se reposer sur moi,

Au sentiment d’orgueil je ne suis point rebelle,

Je bénis mes parents de m’avoir fait si belle !

Et je rends grâce à Dieu, dont l’insigne bonté

Me fit le cœur aimant pour sentir ma beauté.

Mais… pourquoi dans mon cœur ses subites alarmes?…

Si notre amour, tous deux, nous trompait sur mes charmes;

Si j’étais laide enfin? Non… il s’y connaît mieux !

D’ailleurs pour m’admirer je ne veux que ses yeux!

Ainsi de mon bonheur jouissons sans mélange;

Oui, je veux lui paraître aussi belle qu’un ange…

Apprêtons mes bijoux, ma guirlande de fleurs,

Mes gazes, mes rubans, et parmi ces couleurs,

Choisissons avec art celle dont la nuance

Doit avec plus de goût, avec plus d’élégance,

Rehausser de mon front l’éclatante blancheur,

Sans pourtant de mon teint balancer la fraîcheur.

Mais je ne trouve plus la fleur qu’il m’a donnée :

La voici; hâtons-nous, l’heure est déjà sonnée,

Bientôt il va venir! bientôt il va me voir!

Comme, en me regardant, il sera beau ce soir!

Le voilà! Je l’entends, c’est sa voix amoureuse!

Quel bonheur d’être belle! oh! que je suis heureuse !

Villiers-sur-Orge 1822 (Essis poétiques, 1824)

Delphine Gay (1804-1855) ou Madame Emile de Girardin. Née à Aix-la-Chapelle en 1804, fille de Sophie Gay considérée comme un bas-bleu. Elle est présentée dans les salons parisiens, admirée pour sa beauté et son intelligence. Elle côtoie Chateaubriand, Lamartine, et reçoit en 1822, à 18 ans une mention de l’Académie française pour un de ses poèmes.  Elle publie son premier recueil en 1824 et s’essaie à la poésie patritique. A 21 ans, on la désigne souvent comme « Muse de la Patrie ». Elle délaisse le genre pour exprimer son « enivrement narcissique que lui procurent sa beauté et son succès, et aussi la difficulté d’aimer et d’être aimée pour, in fine, dire dans d’émouvantes élégies le regret d’avoir manqué l’essentiel ». Elle souffre de n’avoir pas d’enfant, et sa vie de femme mariée à Emile de Girardin, patron de presse, met fin aux espoirs que lui ouvraient les succès de sa jeunesse. Elle cesse d’écrire vers sa trentième année.

Elle tient dès lors un salon brillant fréquenté par Gautier, Balzac et Lamartine. Elle s’essaie à divers genres, le roman, la nouvelle, la chronique dans la Presse sous le pseudonyme du Vicomte de Launay, des pièces de théâtre où elle va de la comédie à la tragédie. Elle meurt à 51 ans.

Comme le remarque Marie-Claude Schapira, qui donne ces informations dans sa préface, (Femmes poètes du XIXe siècle une anthologie, sous la direcion de Christine Planté, Presses Universitaires de Lyon, 1998), « L’intérêt de ses derniers vers […] est dans l’insatisfaction profonde d’une femme qui ne trouve ni dans son éducation, ni dans son époque, ni dans ses choix personnels, à employer les dons qui lui ont été si largement prodigués.

Marie-Claude Schapira, docteur d’Etat en littérature française, membre de l’U.M.R 5611 L.I.R.E du CNRS, de l’Université de Lyon 2, est l’auteur d’une thèse et d’un ouvrage sur Théophile Gauthier, Narcisse et le récit, et de nombreuses contributions à l’étude du XIXe siècle, de la monarchie de Juillet à la Commune. Elle a édité et préfacé Le Mur de Maurice Montégut, aux Editions du Lérot, en 2000. Elle a, ces dernières années, publié plusieurs articles sur Georges Sand.

Joyce Mansour – L’appel amer d’un sanglot

joyce-mansour

L’appel amer d’un sanglot
Venez femmes aux seins fébriles
Écouter en silence le cri de la vipère
Et sonder avec moi le bas brouillard roux
Qui enfle soudain la voix de l’ami
La rivière est fraîche autour de son corps
Sa chemise flotte blanche comme la fin d’un discours
Dans l’air substantiel avare de coquillages
Inclinez-vous filles intempestives
Abandonnez vos pensées à capuchon
Vos sottes mouillures vos bottines rapides
Un remous s’est produit dans la végétation
Et l’homme s’est noyé dans la liqueur
Carré Blanc (1965)

J’ai volé l’oiseau jaune
Qui vit dans le sexe du diable
Il m’apprendra comment séduire
Les hommes, les cerfs, les anges aux ailes doubles,
Il ôtera ma soif, mes vêtements, mes illusions,
Il dormira,
Mais moi, mon sommeil court sur les toits
Murmurant, gesticulant, faisant l’amour violemment,
Avec des chats.
Joyce Mansour.

Joyce Mansour (née Joyce Patricia Adèx) à Bowden en Angleterre en 1928, disparaît en 1986.Poétesse égyptienne d’expression française liée au surréalisme, son premier recueil de poèmes « Cris » a été publié chez Seghers. Son écriture du désir lui assura une réputation sulfureuse. Les Têtes Raides ont mis en musique un de ses poèmes.